Questionnement intéressant mais pas percutant
Des femmes dont le costume marque l’appartenance à différentes époques passent devant une petite maison. La dernière s’arrête pour répondre sur son portable à un appel de sa fille, en garde partagée. Les dialogues semblent s’enchaîner comme un ensemble de quiproquos.
On assiste au travail de mise en scène d’Hedda Gabler, d’Henrik Ibsen ; on a donc affaire à une mise en abyme, le travail au plateau étant projeté sur le grand écran qui surplombe la scène, laquelle montre les coulisses, une loge ; quelquefois l’action se déroule dans un couloir qui relie les deux espaces entre eux et avec l’extérieur.
L’intrigue mêle les affaires de famille de la metteuse en scène et l’histoire de l’héroïne d’Ibsen : on assiste à des discussions inédites sur les perturbations de la vie quotidienne sur un spectacle, sur l’intervention d’éléments biographiques dans la mise en scène, sur la valeur d’une actrice enceinte.
Il s’agit donc d’un théâtre expérimental qui revisite un classique en le réécrivant, en l’inscrivant dans l’actualité de sa construction sur la scène pour mieux en souligner le caractère subversif. C’est la condition féminine qu’Aurore Fattier entend valoriser sans concessions, dans ses peines comme dans ses travers.
Malheureusement, cette belle tentative souffre d’une exécution trop zélée, qui tend à expliciter avec insistance sans jamais suggérer. A force d’hésiter entre montrer et démontrer, le propos finit par s’étirer, comme s’il se perdait dans sa spéculation.
De fait, on perd de vue la trame de la pièce qu’on redouble avec la mort mystérieuse de la sœur de la metteuse en scène qui, comme la mort d’Hedda Gabler, reste sans élucidation.
Une démarche intéressante qui apparaît pourtant théorisante et par suite insuffisamment dynamique.
christophe giolito
Hedda
variation contemporaine d’après Hedda Gabler d’Henrik Ibsen
texte de Sébastien Monfè, Mira Goldwicht
mise en scène Aurore Fattier
avec Fabrice Adde, Delphine Bibet, Yoann Blanc, Carlo Brandt, Lara Ceulemans, Valentine Gérard, Fabien Magry, Deborah Marchal, Annah Schaeffer, Alexandre Trocki, Maud Wyler.
Conception, mise en scène, direction Aurore Fattier ; texte, dramaturgie Sébastien Monfè et Mira Goldwicht ; assistanat, Deborah Marchal, Lara Ceulemans ; scénographie Marc Lainé, avec Stéphane Zimmerli et Juliette Terreaux ; cinématographie Vincent Pinckaers ; costumes Prunelle Rulens en collaboration avec Odile Dubucq ; création coiffure Isabel Garcia Moya ; création maquillage Sophie Carlier ; création lumière Enrico Bagnoli ; composition musicale Maxence Vandevelde ; direction technique Nathalie Borlée.
A l’Odéon Ateliers Berthier, 1, rue André Suarès, Paris 17e (angle du bd Berthier), Porte de Clichy.
Du 12 mai au 9 juin 2023, durée 2h30. 01 44 85 40 40 https://www.theatre-odeon.eu/fr/hedda
Hedda Gabler d’Henrik Ibsen dans la traduction de François Regnault est publié aux éditions Théâtrales
Production Théâtre de Liège, DC&J Création
Coproduction Solarium Asbl, Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Théâtre Royal de Namur, Théâtre de La Cité-Cdn Toulouse-Occitanie, Comédie de Valence-Cdn Drôme-Ardèche, Les Théâtres de la ville du Luxembourg, Théâtre National de Nice, MARS Mons Arts de la Scène, Comédie de Reims, Prospero – Extended Theatre (en cours)
avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral de Belgique et du Club des Entreprises partenaires du Théâtre de Liège
Projet cofinancé par le programme Europe créative de l’Union européenne.