Félicia Gordon, historienne et professeur émérite du Wolfson College de Cambridge, a écrit sur le féminisme et l’histoire des femmes françaises. Après avoir publié un livre de référence au sujet de Madeleine Pelletier, elle récidive avec la biographie d’une des plus grandes psychiatres françaises : Constance Pascal.
D’origine roumaine, celle-ci décida très vite de prendre sa vie en main et commença en France des études de médecine qui la dirigèrent vers des travaux sur la démence précoce avant de fonder une des premières écoles pour les enfants subissant de graves difficultés d’apprentissage.
En dépit des nombreux bâtons dans les roues de beaucoup de ses collègues masculins, elle obtint la direction de plusieurs départements de psychiatrie où elle se soucia de l’amélioration de la vie de ses patients.
Cette biographie met en lumière le parcours professionnel et intime d’un telle femme, le tout avec pudeur et non sans un humour parfois très british. Les anecdotes ne sont là (appuyées sur une documentation précise) que pour mettre en exergue le parcours significatif de celle qui entretint une relation constante et discrète avec le général Mongin.
L’auteure la montre telle quelle fut : acharnée, compétente à souhait et parfois inflexible mais osant toutefois laisser passer son émotion et ses émois. Ce fut là parfois ouvrir sa cuirasse mais aussi offrir une sorte d’arme secrète face à ceux qui lui barraient le passage et se trouvaient décontenancés par un tel “usage”.
jean-paul gavard-perret
Felicia Gordon, Constance Pascal (1877–1937). Une pionnière de la psychiatrie française, traduction de Danièle Faugeras, Editions des femmes — Antoinette Fouque, Paris, mai 2023 — 22,00 €.