Dans la traversée du siècle dernier se suit d’abord l’histoire du héros de La divine mystification mais aussi et entre autres du couple qui le recueillit. Celui de sa tante et son oncle Wladimir, un ancien catcheur d’origine polonaise, revenu de la «guerre-éclair».
Leur “nuit de noces fut un cauchemar pour elle comme pour lui. Il n’était pas assez exercé ; elle était vierge. (…), Elle semblait inerte, comme résignée. En tout cas, lointaine, ne participant pas le moins du monde. Jusqu’au moment où il lâcha son sperme. Alors, elle l’enserra dans ses bras avec une ferveur inattendue”. Si bien que, bientôt, son désir fut constant et somme toute embraye “par la bande” cette suite d’aventure funestes et faunesques.
Rien ne semble relier ce texte au suivant publié lui aussi à titre posthume même si tout fait un. Les Bach annales Préludes et fugues complètent ce tableau d’un siècle à travers ce que Vecchiali appelle des “instantanés”. Ils deviennent des surgissements visuels, des images d’enfance, une série de tentatives pour coller au plus près de la mémoire.
Il y a un brin de réalité — voire un tronc — mais aussi se fomente un livre d’images à travers le temps qui passe et les yeux verts de Danielle Darrieux. Il y a là des retrouvailles et des fantasmes car le héros Jean-Claude affecte une efficacité malicieuse envers diverses femmes dont Olga qui remplace sa défunte tante à côté de Vladimir. Néanmoins, il demeure naïf, un peu à la manière du héros de L’Amérique de Kafka.
La vie avance entre l’église, l’école, le cinéma. Le héros puis l’auteur préservent leur sérieux même si des affaires secouent la famille là où peu à peu tout se distingue sous forme d’images où les femmes se confondent en un bel embarras. Les images se suivent et se succèdent.
Est-ce à dire que les énigmes s’effacent ? Pas sûr. Même loin de là, où tout devient une boule de billard.
A ce moment où le subconscient, réticent, entame une sorte de grève. Mais ce n’est qu’une impression. Il suffit d’attendre, au besoin frustré, mal à l’aise. Et avec un espoir fragile que l’image, figée, ne représente qu’une fleur fanée. Il ne faut pas traîner.
La fin du livre ne peut attendre et chez Vecchiali les images se sont mise à bouger.
jean-paul gavard-perret
Paul Vecchiali, La divine mystification, roman suivi de Préludes et Fugues, Editions Douro, mai 2023, 194 p. — 20,00 €.