Paul Vecchiali, La divine mystification, roman suivi de Préludes et Fugues

Vies — modes d’emploi

Dans la tra­ver­sée du siècle der­nier se suit d’abord l’histoire du héros de La divine mys­ti­fi­ca­tion mais aussi et entre autres du couple qui le recueillit. Celui de sa tante et son oncle Wla­di­mir, un ancien cat­cheur d’origine polo­naise, revenu de la «guerre-éclair».

Leur “nuit de noces fut un cau­che­mar pour elle comme pour lui. Il n’était pas assez exercé ; elle était vierge. (…), Elle sem­blait inerte, comme rési­gnée. En tout cas, loin­taine, ne par­ti­ci­pant pas le moins du monde. Jusqu’au moment où il lâcha son sperme. Alors, elle l’enserra dans ses bras avec une fer­veur inat­ten­due”. Si bien que, bien­tôt, son désir fut constant et somme toute embraye “par la bande” cette suite d’aventure funestes et faunesques.

Rien ne semble relier ce texte au sui­vant publié lui aussi à titre post­hume même si tout fait un. Les Bach annales Pré­ludes et fugues com­plètent ce tableau d’un siècle à tra­vers ce que Vec­chiali appelle des “ins­tan­ta­nés”. Ils deviennent des sur­gis­se­ments visuels, des images d’enfance, une série de ten­ta­tives pour col­ler au plus près de la mémoire.
Il y a un brin de réa­lité — voire un tronc — mais aussi se fomente un livre d’images à tra­vers le temps qui passe et les yeux verts de Danielle Dar­rieux. Il y a là des retrou­vailles et des fan­tasmes car le héros Jean-Claude affecte une effi­ca­cité mali­cieuse envers diverses femmes dont Olga qui rem­place sa défunte tante à côté de Vla­di­mir. Néan­moins, il demeure naïf, un peu à la manière du héros de L’Amérique de Kafka.

La vie avance entre l’église, l’école, le cinéma. Le héros puis l’auteur pré­servent leur sérieux même si des affaires secouent la famille là où peu à peu tout se dis­tingue sous forme d’images où les femmes se confondent en un bel embar­ras. Les images se suivent et se suc­cèdent.
Est-ce à dire que les énigmes s’effacent ? Pas sûr. Même loin de là, où tout devient une boule de billard.

A ce moment où le sub­cons­cient, réti­cent, entame une sorte de grève. Mais ce n’est qu’une impres­sion. Il suf­fit d’attendre, au besoin frus­tré, mal à l’aise. Et avec un espoir fra­gile que l’image, figée, ne repré­sente qu’une fleur fanée. Il ne faut pas traî­ner.
La fin du livre ne peut attendre et chez Vec­chiali les images se sont mise à bouger.

jean-paul gavard-perret

Paul Vec­chiali, La divine mys­ti­fi­ca­tion, roman suivi de Pré­ludes et Fugues, Edi­tions Douro, mai 2023, 194 p. — 20,00 €.

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