Très intéressant ouvrage que cette courte étude sur l’espionnage au Moyen Age, dont le titre aurait dû être “Le renseignement au Moyen Age”. En effet, Valentin Baricault élargit le spectre de ses recherches à l’ensemble du processus de renseignement dont l’espionnage n’est qu’une partie.
Il nous permet de saisir la place qu’il occupe dans la politique des Etats médiévaux, et plus particulièrement le royaume de France.
On en retient plusieurs points. Le lien tout d’abord maintenu avec l’Antiquité à travers l’étude du livre de Végèce. Puis la mauvaise image dont la pratique d’espionnage a longtemps souffert dans cet univers médiéval de la chevalerie où le combat se fait en pleine lumière. L’espionnage devient ainsi un mal certes nécessaire mais capable d’entacher la fama de celui qui le pratique.
Enfin, on voit la manière dont la recherche du renseignement accompagne le développement de l’Etat, à travers les services dédiés à cette pratique mais aussi le travail de l’ambassadeur qui se structure à la fin du Moyen Age. A cet égard, la figure de Louis XI occupe une place importante, “l’Universelle Aragne” cultivant le culte du secret propre à l’univers de l’espionnage.
En fin de compte, on se rend compte, en lisant ce livre, des permanences politiques. car si les hommes du Moyen Age ne pratiquent pas la cyber guerre, leurs motivations dans le renseignement demeurent les mêmes que les nôtres : savoir ce que l’ennemi prépare ; le déstabiliser ; l’infiltrer ; corrompre ses partisans, etc.
frederic le moal
Valentin Barocault, L’espionnage au Moyen Age, Passés/Composés, avril 2023, 224 p. - 19,50 €.