Ce roman ouvre une série qui est une déclaration d’amour à Agatha Christie et à son œuvre.
Dans ce club nouvellement crée, un membre n’est guère intéressé par les enquêtes d’Hercule Poirot, ni par les romans policiers, d’ailleurs. Il est là pour un plan autrement tortueux.
Trois semaines plus tôt, Alicia Finlay, comprend qu’elle n’est pas au bon endroit dans ce club de lecture avec ces règles étouffantes et ces lectures fastidieuses, à ses yeux.
C’est sa sœur Lynette, une passionnée de cuisine qui, entre deux bouchées de canard aux brocolis, lui lance l’idée : pourquoi elle ne créerait pas son propre club où on parlerait des livres d’Agatha Christie et d’autres auteurs de romans policiers ?
L’idée fait son chemin et, à partir d’une annonce dans la presse, Alicia sélectionne cinq candidats en fonction de leur motivation. C’est ainsi que sont invités à une première réunion : Missy, une bibliothécaire, Perry, qui travaille dans un musée, Anders, un médecin spécialiste des poisons, Claire, propriétaire d’une boutique vintage et Barbara, femme au foyer ou technicienne d’intérieur. L’arrivée de Barbara occasionne une certaine interrogation de la part de Missy, alors que Perry fait penser à quelqu’un qui a vu un fantôme.
La réunion, cependant, se déroule dans une belle ambiance et il est convenu de se retrouver la dimanche suivant chez Barbara. Dans la semaine, Missy manque se faire percuter par une voiture. Après la réunion chez Barbara, celle-ci disparaît.
Sous l’impulsion d’Alicia, les membres décident d’enquêter pour la retrouver. Mais…
Loin de s’affranchir de la Reine du crime, C.A. Larmer revendique un lien fort avec Agatha Christie, avec son œuvre et avec sa personne. Alicia, l’héroïne, et sa sœur ont été élevées dans le culte de cette romancière, leur mère qui possédait presque tous les romans, les lisait et les relisait. Toutefois, elles apprécient d’autres auteurs dans le genre.
Pour mettre en scène cette enquête qui se déroule dans Sidney et ses environs, elle prend de nombreuses références puisées dans les romans célèbres et dans certains épisodes de la vie d’Agatha. Elle rappelle que le chien des deux sœurs porte le même prénom, Max, que le second mari de Christie. Elle cite souvent Hercule Poirot et Jane Marple.
Si chaque membre du club semble avoir une vie harmonieuse, ce n’est qu’une façade. Certains sont porteurs de secrets, ou vont vivre des rapprochements au cours de l’enquête, rapprochements qui vont générer des malaises inévitables.
Si un meurtre est commis, le reste de l’intrigue s’appuie sur une quête en suivant des indices dont il n’est pas toujours facile de saisir la signification. Mais, C.A. Larmer conçoit une histoire attractive avec une enquête en lien avec un épisode de la vie d’Agatha Christie. De plus, elle construit une galerie de protagonistes intéressants, aux caractères complémentaires. Le couple formé par les deux sœurs fonctionne parfaitement et des liens, de moins en moins ténus, se tissent pour le meilleur ou pour le pire.
Tout en laissant un large place à la vie sociale, aux plaisirs de la gastronomie, aux échanges entre personnes qui s’apprécient, le récit est mené avec entrain, sans longueurs ni lourdeurs.
Un premier volet captivant qui sera suivi d’un second tome, Le crime du SS-Orient, annoncé pour août 2023.
serge perraud
C.A. Larmer, Ils étaient sept — Le club des amateurs de romans policiers (The Murder Mystery Book Club), traduit de l’anglais (Australie), par Tania Capron, le cherche midi, coll. “Roman policier”, février 2023, 416 p. — 15,90 €.