Du roman de Jean-Michel Olivier sur l’histoire d’un père et de son enfant, on attendait beaucoup. L’écrivain est important (on se souvient de sa Toilette des images) et dans son roman tous les ingrédients étaient en place : un père ne peut que cueillir de rares moments avec sa progéniture après sa séparation et son divorce. Il en éprouve une douleur intense car l’enfant avait donné un sens à une vie qui jusque là en n’avait pas.
L’auteur veut ainsi, par-delà l’histoire, réhabiliter le père dans une société qui fait de lui un fantôme — ce qu’il reste hélas bien souvent, quoiqu’en pense l’auteur.
Mais la fiction intime se transforme en roman noir et par trop romancé là où l’écrivain brasse le monde en épisodes à la fois peut-être trop ambitieux dans leur dimension globale et pas assez dans l’émotion de l’intime.
Les anecdotes prennent le pied sur le fond, tout se transforme en road-movie d’une fuite et d’une recherche de la trace d’un autre aventurier. L’ambition était élevée mais le résultat laisse le lecteur sur sa faim sauf à qui aime se laisser envahir par les débris et noirceur de cheminements que la fiction instille dans cette fuite sans issues. Elle pourrait néanmoins servir de scenario solide pour un film.
jean-paul gavard-perret
Jean-Michel Olivier, Fête des pères, Editions de l’Aire, 2022, 384 p. — 21,00 €.