Paul Doherty, L’Arbre aux pendus

De nou­veaux mys­tères pour Athelstan…

Frère Athel­stan est le héros d’une belle série d’enquêtes dans cette Angle­terre de la fin du XIVe siècle, puisque le roman­cier pro­pose une 21e aven­ture tou­jours aussi érudite.

En ce 13 jan­vier 1382, Henry Beau­mont de Col­ches­ter, gar­dien de l’Échiquier de la Mon­naie, est au pied de la tour de Flam­bard, accom­pa­gné de quatre clercs, pour une opé­ra­tion à hauts risques. Il doit faire trans­por­ter le tré­sor royal jusqu’au cog­ghe de guerre des Bardi, ces ban­quiers ita­liens.
Ils gra­vissent les esca­liers pour rejoindre, au som­met, les clercs de nuit qui veillent sur le tré­sor. Or, ceux-ci ont été gar­rot­tés et étran­glés, l’or et l’argent ont disparu.

Clé­ment, le maître ser­ru­rier qui a conçu les fer­me­tures de la salle du Tré­sor, est étran­glé dans l’église de St Ercon­wald où il avait trouvé refuge.
Le groupe des voleurs se féli­cite de ses exploits, mais craint que le gros coro­ner et son domi­ni­cain ne lui donne la chasse car il a com­mis une erreur.
Sir John Crans­ton, Coro­ner prin­ci­pal de Londres, et frère Athel­stan sont à West­mins­ter. Là, ils sont char­gés par Maître Thi­bault, le bras droit et le seul homme de confiance de Jean de Gand, de retrou­ver ce tré­sor d’autant que la banque Bardi, par la voie de son repré­sen­tant, insiste pour être rem­bour­sée quoi qu’il en soit. Une posi­tion qui résonne comme un signal d’alarme…
Mais ce n’est pas tout car ils doivent résoudre la mort de Clé­ment et celle de six bourreaux…

Si le récit est une fic­tion, Paul Doherty res­ti­tue avec toute la pré­ci­sion pos­sible le Londres médié­val. Il décrit et fait res­sen­tir l’atmosphère de cette ville où gra­vite une popu­la­tion impor­tante. Il expose le tra­vail des uns et des autres, la chape reli­gieuse et les excès qu’elle entraîne.
À cette époque, Londres est très animé et donc en per­pé­tuel mou­ve­ment parce que le com­merce est flo­ris­sant. Mais la ges­tion de la ville, la jus­tice sont sou­mises à une poli­tique cor­rom­pue et sanglante.

Cepen­dant, bien qu’il s’agisse d’une fic­tion, nombre de scènes, de des­crip­tions, de situa­tions sont véri­diques. L’Infan­gen­theof, ce cadre juri­dique per­met­tant des exé­cu­tions som­maires était uti­lisé cou­ram­ment. Il enté­ri­nait des pro­cé­dures légales sim­pli­fiées. On pou­vait être arrêté à sept heures du matin, condamné à huit et pendu à neuf.
Quant aux ban­quiers lom­bards (l’Italie avait encore plus de quatre siècles avant de naître), ils repré­sen­taient une puis­sance com­mer­ciale et finan­cière consi­dé­rable, que ce soit les Bradi ou les Fres­co­baldi. Mais la situa­tion a-t-elle changé aujourd’hui même si ce ne sont plus les Lombards ?

Avec ses deux héros emblé­ma­tiques d’une époque, le roman­cier concocte une intrigue forte, aux nom­breuses rami­fi­ca­tions, ser­vie dans un cadre his­to­rique par­fai­te­ment reconstitué.

serge per­raud

Paul Doherty, L’Arbre aux pen­dus (The Han­ging Tree), tra­duit de l’anglais par Eli­sa­beth Kern, Édi­tions 10/18 n° 5 820, coll. “Grands Détec­tives”, novembre 2022, 384 p. — 8,50 €.

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