Face à de sanguinaires mercenaires…
Cette série de romans historiques se déroule pendant la guerre des Deux-Roses et met en vedette Margaret Beaufort, mère du futur roi Henri VII et matriarche de la dynastie des Tudor. Pour l’heure, elle doit lutter contre la trahison et une horde de barbares.
Les Beaufort et leurs alliés ont été décimés à la bataille de Tewkesbury. Le fils de Margaret, Henri, le seul vrai prétendant au trône, est réfugié en Bretagne. La comtesse cherche à restaurer l’honneur de la famille et la gloire de la maison Lancastre.
Une escouade de la Garduna a quitté Tolède pour l’Angleterre. Cette terrible légion de spadassins sème la terreur et la mort et voue une hostilité profonde à la royauté française et à la maison des Valois.
Margaret est très isolée, ne pouvant se fier qu’à deux fidèles parmi les fidèles, Christopher Urswicke, clerc de la chancellerie et Reginald Bray, son intendant.
Elle et ses proches sont guettés par une infinité de périls. Ainsi son beau-frère, sir John Stafford, au château de Woking où il logeait avec son médecin et un chevalier, a été menacé par une volée de flèches enflammées. Des cadavres d’animaux ont été semés tout autour de leur demeure. Ils ont survécu à une embuscade. Puis deux de leurs chevaux sont morts pris dans des pièges.
De retour à Londres, chez Margaret, c’est la demeure de celle-ci qui est la cible de nouvelles volées de flèches. Des pamphlets accusant la comtesse des pires avanies sont placardés dans des lieux stratégiques. Christopher échappe de peu à un traquenard quand Réginald est sauvé d’une mort certaine par un secours inattendu.
Un Français voulant parler à la comtesse est retrouvé empoisonné dans le petit salon où il patientait alors que la pièce était fermée de l’extérieur et de l’intérieur.
La situation est si critique que Margaret, poussée par son beau-frère, pense se réfugier en Bourgogne pour échapper aux complots qui la menacent. Qui s’acharne ainsi à sa perte ? Malgré le danger ses deux fidèles enquêtent…
Si dans les deux précédents volets de la saga, Paul Doherty ne ménageait pas son héroïne, dans ce tome, il ajoute un étage aux provocations qu’elle endure. Il met en scène un complot orchestré de façon magnifique, s’appuyant sur des données historiques authentiques, des événements réels.
Entre en scène la Garduna, une légion de mercenaires espagnols qui, dans le roman, ne font pas de quartiers, multipliant les meurtres. Face à elle, outre Christopher Urswicke et Reginald Bray, le romancier place les Luciferi, un réseau initié par le Cabinet noir de la couronne royale de France pour contrer les actions de ces assassins.
On retrouve, bien sûr, les principaux protagonistes déjà croisés dans les deux précédents tomes à savoir son intendant et son clerc. Ce dernier est le fils de Thomas Urswicke, Grand Juge de Londres. Il le décrit ainsi, ce qui donne une belle image du personnage : “… cet homme figurait parmi les plus grands scélérats de Londres : un menteur-né, un coureur de jupons, un débauché qui avait poussé sa mère adorée dans la tombe, un escroc capable de vendre père et mère.”
Enchevêtrant intrigues historiques, et dieu sait s’il y a matière dans le genre, avec des péripéties de type policier, Paul Doherty donne un roman dense et riche.
Une série addictive tant pour la relation de la guerre pour le pouvoir, la restitution de l’atmosphère de l’époque que pour la subtilité de l’intrigue.
serge perraud
Paul Doherty, La dernière ombre (Dark Queen Watching), traduit de l’anglais par Elisabeth Kern, Éditions 10/18, coll. “Polar”, juin 2022, 342 p. – 15,90 €.