Ce livre est un roman d’un nouveau genre : celui de l’aventure de l’art. Et plus spécialement de l’art vivant – de la Figuration narrative à l’Art Brut – où « Le Passeur du Jamais-vu » croise artistes, marchands, amateurs rigoureux. Le héros n’est pas n’importe qui.
Ses découvertes incessantes orientent le galeriste vers une part d’inconnu « sans qu’il sût bien apprécier les sinuosités, la part d’ombre, les obstacles qui inévitablement jalonnent tel qui caresse le projet de s’y engager plus avant. » Mais pour y parvenir, les autres ont leur mot à dire et leur présence est essentielle.
Dès son enfance, Jean-Pierre Ritsch-Fisch héros (réel ) du livre s’est plongé dans la lecture avant de recevoir le premier choc plastique lors de l’exposition « Toutankhamon » du Petit-Palais à Paris. Il restera cependant accroché aux romans d’aventure, sans se douter qu’il en écrirait un, plus tard. Il découvre aussi l’art contemporain par les dessins et peintures de Vieira da Silva, Léon Zack, Tal Coat, Picasso.
Ensuite, il rencontre Léon Zack chez qui il achète la première oeuvre d’une collection qui ne se quittera plus. Le galeriste mise dès lors sur son propre regard sans compromis. Bien des artistes l’ont compris et lui ouvrent leurs ateliers, comme l’entreprise familiale de fourrure s’ouvrira à lui. Il conjugue un temps sa raison et sa passion : artistes et collectionneurs vont éclairer sa vie aventurière et l’habiter de manière presque exclusive.
Jean-Pierre Ritsch-Fisch devient dans ce parcours le découvreur de Jacques Monory, Gérard Gasiorowski, Claude Viallat, Louis Chacallis, Daniel Cordier et bien d’autres. Le livre met en lumière dans son cahier central les reproductions d’œuvres maîtresse du collectionneur et le style de Laurent Fassin plonge de manière avisée dans l’art des années 70 à nos jours.
S’y retrouvent les échanges que ces artistes ont avec « Le Passeur du Jamais-vu ». C’est ainsi que l’auteur est autant romancier qu’historien de l’art vivant.
jean-paul gavard-perret
Laurent Fassin, Le Beau, l’Art Brut et le Marchand, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, 2022, 368 p. – 25,00 €.
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