En attendant de mourir à son tour est le premier livre du poète contemporain américain CAConrad traduit et publié en en français. Il s’agit d’ “un recueil de 18 rituels de poésie somatique et de poèmes qui en résultent”.
Le rituel est une manière d’introduire l’anecdote, le quotidien, la revendication politique, les corps et les affects dans une poésie extrêmement inventive, aux formes multiples.
CAConrad propose une vision personnelle de la poésie. Une poétique “sale” — à savoir d’un vocabulaire de quotidien en opposition à une tradition de belles-lettres. Le tout avec une fonction sociale. Et celui qui enseigne la poésie se définit lui-même comme homosexuel et le revendique.
La poésie violente engage le corps dans ses “fables” — ou rituels — qui appellent à une insurrection utopique, totale et durable et une remise en cause des de pratiques sociales convenues — comme l’auteur le fait par exemple dans son approche des fourmis ou d’autres connexions avec la nature.
L’amour n’est pas oublié — tant s’en faut. Car il “concerne le présent” et permet de faire prendre conscience du corps. C’est en ce sens que l’auteur se bat contre les fanas de Dieu de l’Amérique qui ont brûlé les homosexuels et les sorcières.
Vivre dans un monde de violence lui semble presque insurmontable et il ne cesse de défendre les “différents” et les animaux. Son espoir reste cependant sans illusion. Mais ces poèmes où se mêlent insultes, prosaïsme et lyrisme sont à la poursuite, par l’histoire de corps, de l’âme.
jean-paul gavard-perret
CAConrad, En attendant de mourir à son tour, traduit de l’anglais (américain) par Elsa Boyer et Camille Pageard, P.O.L éditeur, décembre 2022, 192 p. — 23,00 €.