Un homme filme les tortures qu’il inflige à une femme avant de la tuer. La vidéo, ainsi enregistrée, part chez quelques pervertis ayant payé une petite fortune.
Ce jeudi 27 juillet 2006, il fait une chaleur accablante en Belgique. À Ghlin, Patrick promène son chien au bord du canal quand, sous l’effet conjugué de la température et du passage d’un bateau de plaisance, le corps d’une femme en début de putréfaction remonte à la surface. Yann Lenarte et Matt Leymans nouvellement muté ici, les deux membres de la section criminelle de Ghlin, sont mobilisés. La juge Julia Pages leur confie l’enquête. C’est un grand honneur qu’elle leur fait. Il faut qu’ils soient à la hauteur.
La photo de la victime passe aux infos du début de soirée. Steven Wagner, accompagné de sa fille Lexie, cinq ans, identifie son épouse et se présente. Il l’a vu lundi matin pour la dernière fois, reconnaissant qu’ils s’étaient disputés pendant le week-end car un voisin l’avait informé de son infortune conjugale vendredi soir.
L’amant est vite retrouvé. Il s’agit de Gabriel Dumas, un facteur. Or, celui-ci nie l’avoir tuée. Mais, à l’autopsie, des traces de sperme révèlent son ADN. Des taches de sang formant un corps sont retrouvées dans son véhicule de fonction. Il continue de nier en bloc.
Incarcéré, un policier passe un marché avec un gardien pour faire vivre un enfer à Gabriel et le faire craquer…
Jack Jakoli est enquêteur dans un département criminel de la police fédérale en Belgique. Il écrit, inspiré par un quotidien qui est tout sauf paisible. Pour ce roman, son premier livre, il conçoit un récit magnifiquement agencé, très riche en rebondissements amenés de manière adroite, dans un climat de violence redoublée.
Il présente les situations au plus près d’une effrayante réalité. L’univers carcéral qu’il dépeint, la perfidie de personnages peuvent provoquer un certain effroi. Chaque acteur du drame porte en lui une zone d’ombre plus ou moins épaisse où il puise pour satisfaire ses pulsions. Mais le romancier n’étant pas économe de la vie humaine, peu sortent indemnes de ces aventures. Jusqu’où la jalousie, l’idée d’une fierté souillée ou le besoin de réaliser les pires fantasmes peuvent-elles pousser à des actes immondes ?
C’est aussi en mêlant largement le Dark Net et les Snuff movies que l’auteur construit son intrigue. Il use de ces réseaux souterrains fréquentés par des populations qui ne souhaitent pas étaler leurs turpitudes au grand jour.
L’action se déroule sur une période de douze ans entre les premiers événements et la conclusion du récit. Entretemps, un nombre important de protagonistes vont faire vivre cette histoire avec des retours dans le passé, des actes inexplicables, manqués, des faits négligés dans l’urgence du moment.
Ce premier livre est une belle révélation avec une intrigue vertigineuse, une tension croissante jusqu’à un dénouement dantesque.
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serge perraud
Jack Jakoli, Entre le paradis et l’enfer, J’Ai Lu n° 13 643, coll. Policier-Thriller, novembre 2022, 288 p. — 8,20 €.