Quand les catastrophes s’accumulent
Ce roman s’inscrit dans la suite de deux précédents proposés par l’auteur. Avec Noir (fleuve noir – 2021), il avait plongé Paris au cœur d’un black-out total. Dans Rouge (fleuve noir – 2021), il menaçait Marseille avec des méga-feux dans la garrigue toute proche.
Cette fois, il met la pression sur la région nantaise où une terrible tempête va déferler.
C’est le 13 mars que deux agents de la station météo de Saint-Nazaire détectent les prémisses d’une tempête sans doute supérieure à Xynthia. Ce même jour, informé, un homme actionne un dispositif mystérieux.
Le 20 mars, la tempête déferle, l’embouchure de la Loire ne fait plus qu’une avec l’océan. Inquiet de ne pas avoir de nouvelles de son ami Franck, en unité de soins, le capitaine Hugo Keser, le patron de la cellule Nouvelles Menaces, décide de se rendre sur place. Anne Gilardini, sa consœur enceinte de huit mois, s’invite malgré son état. C’est au CHU qu’ils vont le trouver. Il est en situation critique. Une barque l’a heurté alors qu’il s’enfonçait dans le fleuve en pyjama.
Sur les bords inondés de la Loire, des cadavres commencent à émerger, des migrants, mais aussi d’autres personnes. Au CHU, Keser apprend que les soignants font face à une vague de suicides. Les deux capitaines s’impliquent et commencent à enquêter contre l’avis de leur supérieur qui leur demande de rentrer au Bastion.
Et très vite, des éléments troublants, inquiétants, pointent sur une vague d’encéphalite qui pousse au suicide. Et dans une région noyée sous les flots, évacuée de ses habitants, ils vont rencontrer les pires difficultés pour traquer les responsables de ce qui apparaît comme un complot.
Pour ce nouveau volet des enquêtes de la cellule Nouvelles Menaces, le romancier installe une catastrophe climatique et la vague d’une pathologie qui pousse au suicide. Il place ses enquêteurs face à des difficultés matérielles, à savoir travailler dans une zone où les déplacements sont limités par la montée des eaux et désertée par les évacuations successives décrétées par le Préfet.
Malgré ces obstacles, il faut trouver la source de diffusion de la maladie, une diffusion rapide, et surtout arrêter les responsables. De plus, ils ont des soucis avec la hiérarchie. Cette cellule est le jouet du Premier ministre et nombre de politiques et policiers verraient d’un bon œil sa dissolution.
Sur le terrain, les deux capitaines, aidés par un jeune lieutenant de la PJ nantaise, doivent comprendre le mode de propagation. Et le sous-titre est particulièrement évocateur.
Très documenté tant sur les protocoles de météo, les directives en matière de santé, de virologie, les instructions policières, ce roman au style nerveux, à l’intrigue intelligente, se lit avec avidité tant la tension se fait croissante.
serge perraud
Koz, Bleu, Fleuve noir, coll. “Policier et thriller”, août 2022, 320 p. – 17,90 €.