Cette nouvelle édition qui propose des traductions nouvelles ou récentes des trois textes fondateurs du taoïsme, se compose de la première version connue à ce jour du Lao Zi (inédite jusque-là en français) et de sa version canonique, de la version classique du Zhuang Zi en trente-trois chapitres, et du Lie Zi intégral en huit chapitres.
Troisième grand penseur du taoïsme après Lao Zi et Zhuang Zi, Lie Zi vécut au Ve siècle avant J.C. II écrivit le Traité du vide parfait après avoir étudié avec de nombreux maîtres taoïstes et aurait ensuite habité quarante ans dans le même village, inconnu de tous.
Lui qui disait que son esprit s’était “intégré à l’absolu et son corps dissous en lui” a laissé une œuvre majeure où les concepts de Tao, de vide inhérent à toute chose, d’impermanence, d’immortalité de l’esprit et de voyage des âmes, se trouvent approfondis.
Cet ouvrage illustre admirablement la philosophie chinoise du déroulement de la vie humaine et cosmique. Le lyrisme des auteurs et surtout du troisième nous fait voyager à la racine des êtres et des choses, aux confins de l’existence. “Je ne sais même pas si c’est le vent qui me chevauche ou moi qui chevauche le vent”, disait le vieux sage : le fruit de sa contemplation se trouve en ces pages, directement traduites du chinois.
Le taoïsme est là telle une méthode et une bouche atomique au ventre pour rappeler que le corps n’est pas une perdition même si seule l’âme est sublime. Sur cette dualité se fonde un autre arrangement pour un accomplissement là où la nature humaine égarée court trop souvent à sa perdition.
Mais ici l’exercice de l’humilité fait partie de la relève dont le Tao offre le salutaire saut.
jean-paul gavard-perret
Collectif, Philosophes taoïstes, tome I : Lao zi, Zhuang zi, Lie zi, Édition et trad. du chinois par Rémi Mathieu, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade (n° 283), 27 octobre 2022, 1136 p. — 69 ‚00 €.