Ce livre apparaît — du moins au départ — comme une enquête. Valérie Mréjen et Mohamed El Khatib ont rencontré des gardiens de musée du monde entier.
Au fil des entretiens se perçoivent le mépris des visiteurs devant le personnel des institutions, les histoires de collègues, de distribution de salles, les horaires, le rituel des pauses, la hiérarchie, le rapport.
L’obligation d’interdictions auprès de gens souvent rétifs aux consignes rend ce travail invalidant.
Les visiteurs se sentent autorisés : ils estiment ne pas à recevoir de leçons car ils ont payé leur ticket et n’ont pas à se plier aux rappels insistants de personnes qui — selon ces prétentieux — leur sont socialement inférieures.
A partir de là, les deux auteurs ont conçu un spectacle qui se donne dans les musées. Plusieurs langues se croisent, pour entendre toutes ces paroles. Le texte de cette performance est à la fois drôle et touchant.
Il donne à voir et entendre ces gens, celles et ceux qui sont ignorés mais qui voient tout. Dans le musée s’instruit donc une autre histoire du regard.
Elle commence par la fameuse annonce : “Vous êtes à la recherche d’un emploi stable. Vous n’avez pas nécessairement le sens des responsabilités. Dynamisme relatif. Esprit d’initiative modéré. Vous n’aimez pas relever de défis, encore moins les challenges. Vous êtes plutôt sédentaire. Contactez le service Ressources humaines du Musée. ”.
C’est parti.
jean-paul gavard-perret
Valérie Mréjen & Mohamed El Khatib, Gardien Party, Editions Manuella, Paris, 2022, 96 p. — 15,00 €.