Viviane Cerf dans sa dystopie règne en maîtresse sur le domaine des ombres et des contours de plus en oppressants dans un Paris brûlant où les habitants ne peuvent sortir que la nuit et où la survie n’est possible que dans une rivalité sans foi, ni lois.
Des présences secrètes s’y révèlent par les clartés furtives. Et si une sortie semble encore possible, ce ne peut-être que par les femmes. Elles s’accrochent à la saillie ou à la nervure des incisions qui prennent les lueurs d’étain d’une aube dès que se relâchent les mailles de la vigilance numérique.
Même si surgissent encore des drones tels des fantômes aussi durables que réels.
Fascinée par ce qui arrive, la romancière non seulement l’observe mais l’anticipe là où Paris devient tout sauf une fête.
Les empilements d’objets et l’entassement des êtres engendrent de nouvelles figurations où l’humain premier n’est plus reconnaissable à moins que ce soit un retour à une nature sauvage ignorée par Rousseau.
Reste la forme en soi d’un roman qui dit plus car il dit autre chose que les communes fictions. Entre le virtuel et le réel, l’impalpable et l’épaisseur, le microcosme et le macrocosme, Viviane Cerf crée une ouverture mentale.
De l’abîme au céleste renversé, un ordre s’impose à plusieurs foyers. Mais la maîtresse de cérémonie se veut malgré tout une enchanteresse qui frôle le fabuleux.
jean-paul gavard-perret
Viviane Cerf, L’Evidence du vrai, Des femmes — Antoinette Fouque, Paris, 20 septembre 2022, 400 p. — 25,00 €.