Face à une mafia extraterrestre
Avec cette nouvelle série, un spin-off autour d’Orbital (huit tomes parus chez Dupuis), le scénariste s’intéresse au sort des clandestins, leur dépendance vis-à-vis des passeurs et la possibilité, ou non, de réaliser l’objectif qu’ils se sont fixés quand ils ont fui leur planète et entrepris ce saut dans l’inconnu. Le scénariste explore les structures mafieuses extraterrestres, des organisations qui ressemblent cependant, à ce qui existe et sévit actuellement sur la planète Terre.
Il décrit les conditions d’assujettissement, les conditions de travail imposées plus proches de l’esclavage que des articles d’un code du Travail. Sylvain Runberg aime donner des rôles importants, toujours positifs, à ses personnages féminins. Mais là, il place quelques matriarches qui assurent une direction peu conforme à la légalité.
Dans l’espace de la confédération, une jeune femme est enfermée dans un container avec de multiples extraterrestres. Ces derniers, qui n’ont jamais vu de terriens, se posent des questions quant à sa laideur, son intelligence. Elle fait partie d’un lot de clandestins à destination de la planète Drenn.
Le passage en douanes du vaisseau se fait facilement par la corruption et les clandestins arrivent au terme de leur traversée. Mais, on leur annonce alors qu’ils doivent travailler six mois, au lieu des quatre semaines convenues, dans des fermes pour le Cartel des Cimes. Il leur faudra collecter la graisse d’énormes bestioles, une activité très toxique. Ceux qui se rebiffent sont exécutés.
La terrienne tente de discuter mais elle est rembarrée par un certain Zachary. Elle s’étonne auprès de “l’Alienne” avec qui elle a sympathisé de ce prénom d’origine humaine, d’autant que le porteur a des traits humanoïdes. Lui-même est menacé et les circonstances les rapprochent. Face à la mort inéluctable qui les attend, ils décident de prendre leur destin en main…
Toujours aussi à l’aise pour imaginer des space opera, le scénariste construit un nouvel univers. On attend la suite avec intérêt car le dénouement de ce premier tome ouvre sur tellement de possibilités. Les liens avec la série initiale que Sylvain Runberg développe avec Serge Pellé se retrouvent sans doute avec le parcours de cette jeune femme.
C’est Éric Chabbert qui assure l’intégralité du graphisme. Il met en images avec des traits légers laissant la meilleure place à la couleur. Il réalise une belle galerie d’extraterrestres et des décors galactiques de toute beauté. Par le choix d’un graphisme, qui se rapproche de celui de Serge pellé, on retrouve une atmosphère qui va lier les deux récits.
Avec ce space opera, Sylvain Runberg dénonce le racisme, les bassesses des réseaux de passeurs, et offre une intrigue qui, après la mise en place, propose le portrait d’une belle héroïne.
serge perraud
Sylvain Runberg (scénario) & Éric Chabbert (dessin et couleurs), Outlaws — t.01 : Le Cartel des Cimes, Dupuis, coll. “Grand Public”, août 2022, 56 p. – 14,95 €.