Fiona Mozley, Dernière nuit à Soho (Rentrée littéraire 2022)

Dickens dans une Angle­terre post-Brexit

Fiona Moz­ley avait déjà séduit avec son pre­mier roman Elmet (2020, Joëlle Los­fled) qui obtint le Man Boo­ker Prize, le Gon­court bri­tan­nique.
Exis­tait déjà dans ce pre­mier opus ce qui se retrouve dans Der­nière nuit à Soho : le mélange des genres.

Mais ici, entre para­dis et enfer, le roman poli­cier se double d’une his­toire de quar­tier au moment où celui dont il est ques­tion ici (Soho) devient l’objet d’une gen­tri­fi­ca­tion qui touche toutes les grandes capi­tales de monde où les prix de l’habitat chassent les désar­gen­tés du codeur des cités.
Dans ce roman foi­son­nant, les femmes (sou­vent et cha­cune dans leur genre fortes) tiennent le haut du pavé. Tout un uni­vers dra­ma­tique et drôle s’agite pour dif­fé­rentes rai­sons plus inavouables que l’inverse, à l’exception de la poli­cière Jackie Rose qui a fort à faire avec dis­pa­ri­tions et tra­fic sexuel.

Une riche héri­tière qui pos­sède de nom­breux immeubles dans cette par­tie de Londres veut faire le ménage et expul­ser ses loca­taires afin de béné­fi­cier de culbutes immo­bi­lières. Mais d’autres — pra­ti­quées en bor­del — s’opposent en quelque sorte à une telle reprise en main.
Pre­cious, une des tra­vailleuses du sexe, devient en quelque sorte le fer de lance de l’opposition face à la pro­prié­taire. Elle sait que si cette der­nière gagne, elle per­dra  tout et Soho son âme. Et le roman devient le récit baroque de cette lutte où diverses jus­tices se mêlent tout comme bien des intrigues qui ne sont pas sans rap­pe­ler, avec un art par­fait de la des­crip­tion, de celles d’un Dickens.

Preuve que son monde n’est pas si loin. Il est juste revu et cor­rigé dans une Angle­terre post-Brexit où se mêle pau­vreté et richesse selon une grande tra­di­tion roma­nesque iro­nique propre à la fic­tion bri­tan­nique, à la fois humaine et complexe.

lire un extrait

jean-paul gavard-perret

Fiona Moz­ley, Der­nière nuit à Soho, tra­duit de l’anglais par Lae­ti­tia Devos, Edi­tions Joëlle Los­feld, 1 er sep­tembre 2022, 352 p. — 20,00€.

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