Traque et métaphore
La vingtaine de photographies grand format de Francesco Zizola crée un habile contrepoint aux fresques du XVIIème siècle du palais Fornese.
Les prises sont constituées de taches brillantes et des lignes sur fond noir.
S’y distinguent plus ou moins ouvertement des outils de pêche au thon photographiés avec un drone.
Et ce travail est bien différent de l’habituel iconographie d’un créateur qui, généralement, est un reporter photographe des conflits du monde.
Ici, le propos semble changer car moins documentariste. Mais les formes retenues témoignent d’un rite et d’un patrimoine d’une pêche traditionnelle. Les engins installés par les “tonnarotti” sont fait pour attraper le thon près des côtes de Sardaigne.
Les photos montrent des géométries fluides brouillées par les courants, les vagues, le drone lui-même. Rien ne permet une immobilité à chaque cliché. Chacun devient subjectiviste.
Zizola évacue ici toute présence humaine tout comme l’agitation des thons pris dans les nasses. Ne reste qu’une sorte de silence dans cette lutte entre l’homme et la nature là où le noir et blanc la métamorphose plus qu’elle ne la régule. Et ce, en de telles séquences plus ou moins contrôlées et pour faire dériver tous sens.
Demeurent un mystère et un insaisissable qui passe, ici, par cette puissance imageante et narrative (mais de manière métaphorique) de l’imaginaire capable de traduire la connaissance d’un réel complexe.
jean-paul gavard-perret
Francesco Zizola, Mare Omnis, Galleria del Cembalo, Palazzo Borghese, Rome, du 27 avril au 30 juin 2022.