Les femmes de ce livre expérimentent leurs mâchoires.
Il s’agit de manger l’autre ou être mangé dans des relations perturbées et perturbantes avec le monde.
La mâchoire ici protège ou dévore. Et en un roman lacanien et d’épouvante, la terreur et les peurs s’imagent à travers des horreurs où — entre autres — deux adolescentes jouent à être des jumelles, des siamoises dans un jeu de double d’identité ou de son effacement.
Dans ce livre, la professeure de littérature (Clara obsédée par sa mère porte un traumatisme terrifiant) attire les adolescentes là où sa peur devient pourtant un moteur pour les plus jeunes.
Mais leur désir l’effraie.
Les jeunes femmes en jouent dans une nouvelle version de Shining et de Psychose. Elles sentent la peur de la professeur et la manipulent.
Mais qui tire vraiment les ficelles ?
Dans ce roman, les mots sont là pour faire peur. Nous sommes là dans la littérature d’horreur montée sur la sexualité aussi naissante que violente et dans un effet de contagion que suscite à son corps défendant Clara, professeure des plus étranges.
feuilleter le livre
jean-paul gavard-perret
Monica Ojeda, Mâchoires, traduction de l’espagnol (Équateur) par Alba-Marina Escalón, Gallimard, Collection Du monde entier, Paris, mai 2022, 320 p. — 19,00 €.