Le récit est placé sous l’incipit d’une phrase d’Henri-Pierre Roché dans le film de Truffaut adapté d’un de ses romans (Les Deux Anglaises et le Continent :” La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas”.
Dès lors, le double de l’auteur et narrateur du livre tente le collage de son morcellement existentiel qui le rend comme étranger à sa vie. Et ce, comme s’il n’en était– et le titre l’indique — que “le nu-propriétaire”.
En dix chapitres et diverses ellipses temporelles, Varetz remonte en conséquence son histoire, des années 1950 jusqu’au tout début des années 2010. Dans ce travail de reconstruction mémorielle — avec les falsifications qui s’imposent -, le narrateur use de divers repères (chanson, livre, musique) là où tout s’agence par la présence d’une femme.
Pas n’importe laquelle. Sa première femme qu’il a aimée et quittée.
Nourri par l’idée de la culpabilité, d’autant que cette femme est décédée au début 2010, le narrateur tente de lui aménager une place centrale dans son existence. C’est un peu tard.
Mais les mots tentent de faire ce que, dans sa vie, le narrateur a raté — manière de remettre un peu d’ordre à un parcours en dérive. Du moins tant que faire se peut.
jean-paul gavard-perret
Patrick Varetz, Nu-propriétaire, P.O.L éditeur, avril 2022, 272 p. — 20,00 €.