L’esprit Canal + « CSP plus » va en prendre un sacré coup avec Hamburger Film Sandwich (1977). Des « Nuls » (version télé ou films) aux formats satiriques de la chaîne, tout était déjà dans ce film zapping hors de ses gonds. Alain Chabat a d’ailleurs reconnu sa dette au film. Il a repris dans sa Cité de la Peur le « Carioca » qui ouvre l’œuvre de Landis. Ce dernier a trouvé ici des complices de génie : les « ZAZ » (de et entre autres Y a-t-il un pilote dans l’avion ? ). Le réalisateur et ses comédiens bateleurs s’en donnent à corps joie.
Le film devient sous leurs assauts la grande comédie de la comédie. Il est construit selon une suite de pastiches et de charges. Le sérieux est gangrené de manière presque impensable au regard des règles de la censure du cinéma américain de l’époque. Sont présentés des programmes d’éducation sexuelle très particuliers. Ils n’ont rien à envier à ceux de Jules Edouard Moustic dans son « Groland ». Idem pour la bande annonce d’un film improbable « Lycéennes catholiques en chaleur »… Sans oublier le morceau de résistance de l’œuvre : un film kung-fu complètement déjanté avec le sosie de Bruce Lee lui-même.
La morale est reléguée aux oubliettes. Et Landis établissait déjà au sein même de la cathédrale hollywoodienne les nouvelles règles de ce qu’on osait à peine imaginer. Ce qui échut d’un tel état de faits et d’un tel spectacle revint pour certains pisse-froid jusqu’à perdre l’estime qu’ils accordaient au Septième art tant le réalisateur se permet des inconséquences sulfureuses sur le mode le plus ludique qui soit.
Quoique daté, le film garde tout son intérêt et sa vis comica. Landis renvoie les formats officiels au rang de cloaques grandiloquents et affligeants. Les écrans grands ou petits qui sont devenus notre territoire du réel sont retournés. Non seulement Hamburger Film Sandwich dépote tous les bons sentiments sur son passage mais il réussit l’impossible : ne jamais tomber dans le vulgaire – ce qui est dans une telle entreprise un exploit. Et si on a taxé parfois ce film de pornographique, il s’agit d’un pornographique mental.
Hamburger Film Sandwich est donc par essence une œuvre dévoyée et voyou. Sa commotion “ cérébrale ” en mêlant le sacrilège au sacré tient de la performance et du professionnalisme. Les stéréotypes et l’émotion spéculaires sont tordus par le rire. Son typhus n’épargne personne. Pas même ceux qui procurent la dose de narcotique télévisuel. Dans une scène culte du film, ils deviennent eux-mêmes voyeurs des voyeurs et grimpent aux rideaux par effet retour d’une feinte de réalité. Le spectacle est donc régressif et jouissif à souhait. Il permet de passer le mur de l’impossible en ce voyage au bout de la parodie.
jean-paul gavard-perret
John Landis, Hamburger Film Sandwich,
DVD Carlotta Film, Paris, juin 2013 — 16,99 €
Scénario : Jerry ZUCKER, James ABRAHAMS, David ZUCKER
Avec : Marilyn JOI, Saul KAHAN, David ZUCKER, Jim ABRAHAMS, Jerry ZUCKER, Donald SUTHERLAND, John LANDIS, Bill BIXBY
Directeur de la photographie : Stephen M. KATZ
Montage : Georges FOLSEY Jr.
Producteurs : Robert K. WEISS
NOUVEAU MASTER RESTAURÉ
Version Originale / Version Française
Sous-Titres Français
Format 1.85 respecté – 16/9 compatible 4/3 – Couleurs
Durée du Film : 80 mnSUPPLÉMENTS
. INTRODUCTION DE JOHN LANDIS (2 mn)
. COMMENTAIRES AUDIO DE JOHN LANDIS, DES ZAZ ET DE ROBERT K. WEISS (VOST)