Avec une parfaite maîtrise stylistique, Elena Piacentini fait surgir, sous couvert de meurtres et de courses poursuites dans un cadre idéal, la nécessaire révolte teintée toutefois de nuances et de doutes.
D’où la pertinence d’un propos où la noirceur des hommes est combattue par une propension à la solarité.
Au cœur d’un Sud imaginaire — “celui de mon enfance et de la culture orale qui a nourri les premières strates de mon imaginaire” précise l’auteure, Les Silences d’Ogliano est un roman des passions dévorantes lors de l’accession à l’âge adulte.
C’est aussi une fiction sur l’injustice sur les lieux de naissance.
Dans ce monde placé sous l’omerta des famille et des origines et le patronage de l’Antigone de Sophocle, surgissent des thèmes éternels : famille, violence, fatalité, lourds secrets transmis de génération en génération qui tapissent les hauts plateaux, les cimetières, les grottes, la grandeur des lieux.
Le tout et néanmoins dans une aspiration à un avenir meilleur grâce à un esprit de rébellion qui casse le silence.
jean-paul gavard-perret
Elena Piacentini, Les Silences d’Ogliano, Actes Sud, 2022, 208 p. –19,50 €.