Une autre image de la sorcière !
Dans cet album, Serge Le Tendre explore trois principaux thèmes, à savoir, la relation parent/enfant, le mythe de Faust et les figures de la sorcière. Communément, cette dernière est considérée, en plus d’être une femme, comme un être maléfique.
De nombreux auteurs les décrivent sous un aspect peu engageant, cruelles, à l’origine de tous les malheurs du monde. Il suffit de voir les images véhiculées par un Disney pour avoir une idée de leur représentation.
Serge Le Tendre propose deux versions, l’une conforme à la réputation et aux descriptions habituelles, l’autres belle, humaine, porteuse d’amour. Il décline, ainsi, une intrigue aux multiples coups de théâtre avec un sens aigu de l’équilibre, du timing. Shaalem ressemble phonétiquement à une ville célèbre dans l’histoire de la sorcellerie.
À la fin du XIXe siècle, quelques jours avant Noël, dans la cité de Shaalem, Olivia Newton fête avec Abbie, l’autorisation de fouilles archéologiques que lui a délivré l’académie des Sciences. Bien que diplômée d’Histoire antique, elle n’avait aucune chance sans l’intervention d’Abbie qui tient la maison close que fréquente le Recteur d’académie.
Mais, Olivia, une mulâtresse, n’est pas acceptée dans la ville. Un groupe, mené par Marty le fossoyeur, veut la brûler comme sorcière et attaque la maison. Elle demande à Abbie de partir avec Mercy, sa fille, et elle fait front. La bataille s’engage et la maison flambe.
Devant le juge Taylor, Marty livre sa version alors qu’Abbie n’est pas écoutée. Cependant, à la demande de Ruth, son épouse, le juge décide que la fillette sera placée sous la tutelle de celle-ci. Mercy est dévastée par ce nouvel abandon, après celui de sa mère qui lui avait pourtant promis de la retrouver.
Or, Olivia a pu sortir du brasier et veut reprendre sa fille. Mais, elle ne connaît pas les desseins de Ruth. Toutefois, Olivia cache un secret qui va se révéler redoutable…
Patrick Bouton-Gagné, qui a déjà assuré le dessin du diptyque Terence Trolley (Drakoo — 2020 et 2021), continue sa collaboration avec le scénariste. Il a été séduit par le quatuor qui porte une large part du récit et avec son trait si particulier et efficace, met en images avec brio ce nouvel album. Les personnages sont campés avec justesse. Les décors sont travaillés, fruits de nombreuses recherches de la part du dessinateur.
La mise en couleurs est l’œuvre d’Alessia Nocera qui joue superbement avec les teintes pour rendre très lisibles les différentes atmosphères.
Avec ce one-shot, Serge Le tendre offre un récit très agréable à découvrir pour le traitement des thèmes, pour les personnages et pour une mise en images qui emporte l’adhésion.
serge perraud
Serge Le Tendre (scénario), Patrick Bouton-Gagné (dessins) & Alessia Nocera (couleurs), Le Sarcophage des Âmes, Bamboo, label “Drakoo”, février 2022, 48 p. – 14,50 €.