Françoise d’Eaubonne, Le Satellite de l’Amande , Les Bergères de l’Apocalypse , tome 1 & 2 de La Trilogie du Losange

Fémi­nisme et écologie

Mili­tante de tou­jours et auteure pro­li­fique, Fran­çoise d’Eaubonne est à l’origine du concept d’écoféminisme. Et sa Tri­lo­gie du Losange devient une manière de pro­lon­ger sous forme de space-opera ce qu’elle éprouve et qu’elle défi­nit ainsi dans sa bio­gra­phie parue en 2019 : “C’est une urgence que de sou­li­gner la condam­na­tion à mort, par ce sys­tème à l’agonie convul­sive, de toute la pla­nète et de son espèce humaine.
Dès lors, le fémi­nisme ne doit pas seule­ment libé­rer la femme, mais l’humanité en arra­chant le monde à l’homme d’aujourd’hui pour le trans­mettre à l’humanité de demain”. Les récents évè­ne­ments en Ukraine lui donnent raison.

Au Le fémi­nisme ou la mort (1974, Éd. P. Horay) répond ce livre de science-fiction. Une expé­di­tion est envoyée dans l’espace pour explo­rer un satel­lite du soleil nommé “Amande”. La nar­ra­trice fait par­tie des pion­nières qui vont décou­vrir une société du futur.
Un tel roman déve­loppe non sans humour, cynisme (pour cer­tains)  et poé­sie un “fémi­nat” qui va ren­voyer — dans le second tome et le retour sur terre de l’expédition — sur une enquête au sujet de la lutte des sexes au moment où les fécon­da­teurs mas­cu­lins sont remi­sés comme sub­stance secon­daire et où une nou­velle épo­pée prend la forme d’une uchro­nie et uto­pie afin de contre­car­rer l’apocalypse.

Cette tri­lo­gie ambi­tieuse repré­sente la volonté d’écrire une autre his­toire par la pres­sion d’une fic­tion. Elle veut peser sur la réa­lité avec à la manette “Titanes” et “samou­raïas” dont l’existence trans­forme jusqu’à l’idée de roman tant il prend ici une puis­sance et une réa­lité expo­nen­tielles.
Celle qui cofonda le MLF puis le Fhar pour­suit ainsi son com­bat par l’arme d’une fic­tion dys­to­pique là où la société patriar­cale finit de s’épuiser. Le mili­tan­tisme trouve un nou­vel axe d’approche et un pro­lon­ge­ment. Ce ver­sant de la pen­sée d’eaubonnienne est ori­gi­nale par ce voyage inédit.

Au nom d’Antigone, d’Esmeralda, de Blanche-Neige, de Mélu­sine de Sola­nas et Thé­roigne, la fic­tion futu­riste per­met par la puis­sance de l’imaginaire d’alimenter la réflexion et les débats actuels pour que naisse une his­toire inédite. Elle rem­place celle qui fut confis­quée par le récit des hommes.
Cette nou­velle ver­sion lie le fémi­nisme et l’écologie afin que le champ du pos­sible reste une hypo­thèse posi­tive pal­pable dans la magie du verbe de l’auteur..

jean-paul gavard-perret

Fran­çoise d’Eaubonne, Le Satel­lite de l’Amande, Les Ber­gères de l’Apocalypse, tome 1 et 2 de La Tri­lo­gie du Losange, Des femmes — Antoi­nette Fouque, Paris, 2022, 176 p. et 650 p., 15,00 et 25,00€.

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