Frédéric Post, Anonymous engravings on ectasy pills

Fréde­ric Post-Moderne

Frédé­ric Post est le type même de l’artiste hors norme très influencé par la scène alter­na­tive. Géné­ra­le­ment, son tra­vail tourne autour de la musique en tant que vec­teur de mou­ve­ments aso­ciaux et contre-culturels. Son but est de mettre en exergue les codes de recon­nais­sance et d’expression d’une jeu­nesse déjan­tée qui cultive le goût de l’extrême. Avec Ano­ny­mous engra­vings on ectasy pills,  Fré­de­ric Post se concentre sur la col­lectes de des­sins et pic­to­grammes créés sous l’effet de l’ecstasy. Il n’y a para­doxa­le­ment là nulle image, nul mot à pro­pre­ment par­ler sinon des mots ou des vignettes de passe qui ont l’épaisseur d’une lame qui se retire. L’ivresse chi­mique défro­quée va l’amble dans la nuit noire sur les bancs d’arrières-mondes.


Entre le blanc et le noir, le voyage s’ouvre et se cla­que­mure. Un trouble de la vue strie le monde du négoce et per­fore la plus-value des logo­types de ses marques. Chaque pic­to­gramme est un corps néga­tif, c’est l’araignée, c’est le rat qui ronge la maille des images et des mots pour une autre légende et une nou­velle ins­crip­tion. Post fait saillir les affres de seuils. Il n’y a plus de leurre mais le trou que les cap­teurs chi­miques tels des crocs pro­voquent pour l’équarrissage men­tal néces­saire à une vision cen­tri­fuge. Et chaque signe n’interrompt jamais sa filia­tion de pous­sière sau­vage ou d’ange. Il relance, réac­tive une éner­gie dis­lo­quante contre la blan­cheur qui la récuse.
Post ouvre à la pro­fon­deur des formes les plus simples ; des gouttes d’encre cra­pu­leuses, des rituels techno. Il en réunit la somme, en fait le décompte (511 ins­crip­tions) et le com­men­taire. Chaque vignette des­cend de l’éclat et en même temps s’y tient. Insis­tance, reprise, dis­so­nance. Mots et des­sins fou­droient en inter­lo­quant. La réver­bé­ra­tion quasi sonore attise le par­fum des fumées équi­voques, assour­dit le sens, accroit l’illisibilité de leur charge.

Surpris par l’ecstasy, nous sommes cepen­dant bien vivants quoiqu’on pense. Post per­met en plus de décou­vrir des petites révoltes d’un monde paral­lèle et sou­ter­rain. Dans ses logos mini­ma­listes, des voyages par­ti­cu­liers ont lieu selon une pers­pec­tive des plus post-modernes. Au moment où le monde occi­den­tal s’embourbe dans la crise, le créa­teur per­met donc de s’enfoncer en un uni­vers où Mickey flirte avec Boud­dha. Le tout dans un per­pé­tuel « sum­mer of love ». Sa strate tem­po­relle s’étend même aux quatre sai­sons. Mais, on l’aura com­pris elles n’ont rien de roman­tiques et vival­diennes. La techno reste à tous les étages 12 mois sur 12.

jean-paul gavard-perret

Fré­dé­ric Post, Ano­ny­mous engra­vings on ectasy pills (fran­çais et anglais), Boa­books, Genève, 544 p.

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