La cerisaie (Anton Tchekhov / Clément Hervieu-Léger)

Une médi­ta­tion lan­ci­nante à la tona­lité déli­cate 

Le spec­tacle com­mence par une annonce, celle d’un hall de gare. Dans un décor de bois, cha­leu­reux mais pré­sen­tant des pièces de grande dimen­sion, un homme s’interroge sur son passé, sur la place variable des choses. Entre légè­reté des retrou­vailles et gra­vité des ques­tion­ne­ments, le pro­pos se montre diver­si­fié, ver­sant sou­vent dans les confi­dences d’ordre psy­cho­lo­gique.
Peu à peu, d’infimes signes de dégé­né­res­cence se font jour dans les pro­pos dans les atti­tudes ; le domaine est en décré­pi­tude. La pièce de Tche­khov est une médi­ta­tion lan­ci­nante sur les temps qui s’effacent, sur le pro­grès qui s’immisce dans les consciences en péné­trant le monde à pas pres­sants mais feu­trés. A ceux qui avouent, mal­gré qu’ils en aient, leur détresse, s’oppose le jeune par­venu qui affiche sa réus­site et annonce la perdition.

Tche­khov pré­sente, à tra­vers ses per­son­nages prin­ci­paux, une grave fri­vo­lité, une réflexion sur les carac­tères volages et pro­fonds, qui cir­culent parmi ceux qui, pesant, épousent le cours des choses. Clé­ment Hervieu-Léger construit une mise en scène d’une tona­lité déli­cate, atta­chante, ponc­tuée d’illustrations sonores bien sen­ties, mais sans effec­tuer de choix majeur.
Il montre des tranches de vie qui s’entrechoquent ; la fête pré­ci­pite la confron­ta­tion des carac­tères. A terme, les sen­ti­ments paraissent s’effilocher, comme des liens ténus qui se dis­tendent, le bas­cu­le­ment d’une époque dans l’autre n’est pas un bous­cu­le­ment ; il reste insen­sible, il se déploie au prisme des inflexions presqu’insensibles de l’existence.

Ainsi la vie apparaît-elle à terme aussi bien comme l’apparence d’une réa­lité que comme la réa­lité d’une apparence.

voir la bande-annonce de la pièce (1mn49)

chris­tophe giolito

La ceri­saie

d’Anton Tche­khov

Mise en scène Clé­ment Hervieu-Léger

Lopa­khine (Loïc Cor­bery), le pro­prié­taire ter­rien Picht­chik (Nico­las Lor­meau), le laquais Firs (Michel Favory) et Liou­bov (Flo­rence Viala).

(© Bri­gitte Engué­rand, coll. Comédie-Française)

Avec Michel Favory, Véro­nique Vella*, Éric Géno­vèse, Flo­rence Viala, Julie Sicard*, Loïc Cor­bery, Nico­las Lor­meau, Ade­line d’Hermy, Jérémy Lopez, Sébas­tien Pou­de­roux, Anna Cer­vinka, Rebecca Mar­der, Julien Fri­son et les comé­diens de l’académie de la Comédie-Française Vian­ney Arcel, Robin Azéma, Jérémy Ber­thoud, Héloïse Chol­ley, Fanny Jouf­froy, Emma Laris­tan, *en alternance.

Tra­duc­tion André Mar­ko­wicz et Fran­çoise Mor­van ; scé­no­gra­phie Auré­lie Maestre ; cos­tumes Caro­line de Vivaise ; lumière Ber­trand Cou­derc ; musique ori­gi­nale Pas­cal San­gla ; son Jean-Luc Ris­tord ; tra­vail cho­ré­gra­phique Bruno Bou­ché ; col­la­bo­ra­tion artis­tique Auré­lien Hamard-Padis ; assis­ta­nat aux cos­tumes Claire Fayel.

A la comé­die fran­çaise, 1, place Colette, 75001 Paris 01 44 58 15 15, du lundi au samedi 11h-18h.

https://www.comedie-francaise.fr/fr/evenements/la-cerisaie2122

Les 17, 18, 20, 22 décembre 2021 à 20h30, les 24 et 26 décembre à 14h, le 27 décembre à 20h30, les 29 et 30 décembre à 14h, le 1er jan­vier 2022 à 14h, les 4 et 5 jan­vier à 20h30, les 8 et 9 jan­vier à 14h, les 10, 18, 21, 22, 24, 28 jan­vier à 20h30, le 30 jan­vier à 14h, les 1er, 5 et 6 février à 20h30.

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