Les seules armes contre la destruction d’un monde !
C’est un monde condamné par l’extinction de son soleil. Une légende raconte que les dieux en colère veulent le détruire sauf quatre d’entre eux qui œuvrent pour le sauver. Pour ce faire, ils ont détaché du soleil mourant quatre morceaux qu’ils ont façonnés en épées de verre et qu’ils lancent sur le globe. La réunion de ces quatre pièces sauvera la planète. Yama est l’élue d’une de ces épées. Mais elle n’a qu’une idée, venger la mort de son père assassiné par Orland, un soudard, un chef de guerre et l’enlèvement de sa mère. Elle est recueillie par Miklos, un solitaire qui semble versé dans le métier des armes. Il forme Yama à leur maniement. Quand son maître l’estime prête, ils rejoignent Karelane, la capitale, où Orland est devenu responsable de la sécurité et une personnalité respectée. Mais, c’est loin de cette ville que surgit du ciel une nouvelle épée…
Elle tombe dans l’atelier de Tigran, le forgeron d’un petit village. Informé de la prophétie par Surian, le chaman, il refuse d’endosser le costume de sauveur du monde. Mais pour Pilar, son épouse, transformée en statue de pierre pour avoir touché l’arme, il se laisse convaincre par le chaman d’aller rechercher les autres porteurs d’épée. À Karelane, Yama et Miklos sont surpris par des soldats dans la basse ville où s’entassent les parias dénommés les Moustiques.
Ilango, le fils d’Orland joue un jeu mystérieux. Contre rémunération, il offre ses services. Il doit indiquer à Yama et Miklos le moyen d’accéder, dans la forteresse, aux appartements de son père.
Un monde menacé de disparaître est un sujet qui inspire régulièrement les auteurs de science-fiction. Chacun traite, selon sa sensibilité, les causes de la disparition et les moyens mis en œuvre par les pauvres humains pour empêcher la catastrophe. Sylviane Corgiat l’aborde par le biais d’une prophétie et d’une vengeance qui anime une fillette depuis sa tendre enfance jusqu’à son adolescence. L’intrigue est portée par cette héroïne, une jeune fille pleine de ressources, de vitalité et du désir d’en découdre avec celui qui est responsable de son drame personnel. Elle crée, autour d’un groupe attachant de personnages, un univers novateur qui porte en lui les germes de son anéantissement. Elle propose une flore et un bestiaire étonnants qu’un Leo ne renierait pas.
Mais la force de son intrigue tient dans la créativité et dans l’enchaînement des péripéties, des coups de théâtre. Si, dans le tome 2 leur nombre restait dans une bonne moyenne, dans cet opus, la scénariste lâche la bride de son imagination et nous sert un véritable festival. Elle densifie son récit, qui gagne en profondeur. Les événements se précipitent, le récit prend de l’ampleur avec des développements pour le moins inattendus. Sylviane Corgiat mène de main de maître une histoire passionnante dont la conclusion est à venir dans le prochain et dernier tome.
Le dessin et la mise en couleurs sont assurés par Laura Zucchri, née en 1971 en Italie. Outre la bande dessinée, elle mène d’autres activités artistiques telles que l’illustration et la peinture à l’huile. Ces deux activités transcendent son graphisme. Elle réalise des décors fastueux, des costumes extravagants. Elle sait donner, par ailleurs, vie à ses personnages, de l’expressivité aux visages et aux corps, rendre le dynamisme des actions. C’est un régal pour les yeux. Avec ce troisième tome remarquable, Les épées de verre accèdent au rang de série de grande classe.
serge perraud
Sylviane Corgiat (scénario), Laure Zuccheri (Dessin et couleur), Les Épées de verre, t.3 : « Tigran », Les Humanoïdes Associés, février 2013, 48 p. – 13,10 €