Lina Scheynius vit à Londres. Elle a quitté la Suède à 19 ans pour devenir mannequin. Très vite, elle commence le travail photographique intime et délicat qu’elle poursuit.
Elle travaille pour des magazines, publie régulièrement des livres photos et a déjà eu plusieurs expositions monographiques majeures. En 2019, JBE Books avait déjà publié un coffret complet qui regroupe tous ses livres photographiques autoédités depuis 2008.
Touching représente une nouvelle étape dans son exploration. Ses photos la montrent au milieu des monuments et de moments de sa vie sans savoir ceux qui lui appartiennent vraiment et ceux qui lui échappent.
Elle s’accroche pourtant à eux jusqu’à les “épuiser” pour en tirer leur meilleur usage dans son dévoilement en surimpressions subtiles.
Recyclant la matière première de son corps et du marbre, l’artiste les décale afin de créer une vision aussi improbable que réelle. Elle fait sourdre par ses créations des joies et des terreurs enfantines. Leur lointain fait leur proximité.
Nous pouvons chercher dans leur matière nos indices, nos traces, la rencontre impossible avec notre inconscient — ce seuil infranchissable.
Lina Scheynius provoque le désir du partage mais, aussi, un nécessaire écart. Ses autoportraits sont autant d’hommages à ce qui nous taraude qu’à la statuaire.
L’artiste, en se rêvant en images, nous plonge dans un gouffre sans fond.
jean-paul gavard-perret
Lina Scheynius, Touching, JBE Books (Jean Boîte Éditions), 2022, 90 p. - 60,00 €.
Légère schizophrénie entre le réel et le virtuel que Lina saisit par deux clichés superposés qui ne laissent pas JPGP de marbre . Déclic artistique .