Marielsa Niels et les moments d’amour inédits : entretien avec la photographe

Depuis le début des années 2000, Marielsa Niels pro­pose diverses expé­ri­men­ta­tions du lan­gage pho­to­gra­phique. L’être est au centre de son tra­vail. Sor­tant d’une pho­to­gra­phie huma­niste, elle crée — entre autres — une décons­truc­tion du por­trait et un décloi­son­ne­ment du genre qu’elle décale par­fois avec humour.
Elle s’immisce par ses prises dans une inti­mité qu’elle sait com­plexe et à laquelle ses images veulent don­ner “corps”. Face aux men­songes et illu­sions de l’apparence, elle en dis­sé­mine les par­ties pour cas­ser ce qui est donné comme préexistant.

Elle le fait dis­pa­raître pour cher­cher en chaque être la queue de la comète et la preuve que l’homme est la femme à venir (l’inverse est vrai tout autant). En consé­quence, il arrive que les corps deviennent des accords de musique tour­noyant au-dessus du maquis des causes pre­mières qu’en magi­cienne Marielsa Niels, amo­roso, disperse.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
En pre­mier, l’odeur des tar­tines grillées.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
J’imagine qu’ils sont tou­jours en moi, comme réfé­rence d’une époque.

A quoi avez-vous renoncé ?
A la douce facilité.

D’où venez-vous ?
D’un moment d’amour, je l’imagine.

Qu’avez-vous reçu en “héri­tage” ?
Etre atten­tive au res­pect de nos multiplicités.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Plein, qui enthou­siasment, oui.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres pho­to­graphes ?
L’appareil photo n’est pas le pro­lon­ge­ment de mon oeil mais mon meilleur allié pour une fabrique d’image.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
La lumière sur la peau, elle fait par­tie de mon musée imaginaire.

Et votre pre­mière lec­ture ?
La plus signi­fi­ca­tive lorsque la pho­to­gra­phie est deve­nue impor­tante pour moi : Le jour­nal Mexi­cain d’Edouard Weston

Quelles musiques écoutez-vous ?
Cela dépend de ce que j’ai envie de res­sen­tir et de l’attention de l’écoute. La plus essen­tielle pour moi : “Ain’t Got No, I Got Life”, de Nina Simone.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
J’ai bien trop envie de décou­vrir d’autres ouvrages pour en relire. Je fais confiance à ma mémoire pour conti­nuer à savou­rer ceux qui me touchent.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Dans les plus récents « Grâce à Dieu » de Fran­çois Ozon.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une image qui a priori me ressemble.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Pour­quoi ne pas oser ?

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le Jar­din des Tarots de Niki de Saint Phalle.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Je ne pense pas me sen­tir par­ti­cu­liè­re­ment proche d’artistes ou écri­vains. Certain.e.s m’inspirent beau­coup par contre.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
La pos­si­bi­lité de plu­sieurs mois de créa­tion sans interruption.

Que défendez-vous ?
La néces­saire décons­truc­tion de nos pen­sées pour tout ce qui pour­rait en découler.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas »?
Une ver­sion ancienne.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ? »
Sorti de son contexte ça me fait pen­ser qu’il devrait faire un tour au Plan­ning Fami­lial pour dis­cu­ter consentement.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Voulez-vous un café ?

Entre­tien et pré­sen­ta­tion réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 20 janvier 2022.

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