GUMPP Johannes, Autoportrait, 1646, version rectangulaire, Collection privée
A compter du 03 01 2022, Didier Ayres va livrer régulièrement dans les colonnes du litteraire.com les méditations extraites de son Cahier Art, qu’il présente ainsi :
j’ai conçu ces textes comme des fragments, fragments de fragments qui tous, comme dans le calcul d’une sphère, confinent à dessiner un orbe, celui de la définition de l’art, de l’artiste, du poème
cette vision ne m’a été offerte finalement qu’après la mise au propre des 12 entrées de cette publication
mais celle-ci a gardé le côté lapidaire qui convenait bien ici à mon régime d’écriture
il faut donc lire ces textes comme autant de petits lamparos dans les eaux intérieures
Écrire c’est attendre.
Différer le manuscrit jusqu’au livre.
De cette attente, l’art vient soudain.
Il est nécessaire que quelque chose se reporte dans le temps.
L’artiste compose.
Se retrouve en un travail d’affouillement.
La biffure.
Tout cela marquant la durée.
Le retour vers la forme initiale.
Une transsubstantiation.
J’ai souvent pris l’art pour la vie, et même davantage.
Je ne sais m’éloigner de l’écriture.
Le processus persiste en permanence.
Comme le peintre peut être son image.
Et je considère mon activité de lecteur comme celle d’une étude, de recherches
L’art pour la vie.
La vie et l’art, puis l’art.
Le rayon, le centre.
Là où le vide produit une action.
Je suis double : lecteur et écrivain.
Vivre est pour l’artiste une manière d’examen.
Un laboratoire.
Faisant de lui un être consubstantiel.
En un sens, le poète écrit ce qu’il ne connaît pas.
Ce qu’il a aperçu est ce qui lui est énigme.
Vivre pour lui est ce mystère.
Son étonnement.
L’artiste est un homme du néant.
L’art équivaut à la présence.
Une vigie.
Consulter l’intégralité des 12 fragments
Didier Ayres
Saint-Junien/Paris/Grenoble — 21/22