Jean-Claude Mézières & Christophe Quillien, L’Art de Mézières

Une fabu­leuse somme de créa­tions

Si le nom de Jean-Claude Mézières évoque immé­dia­te­ment la saga de Valé­rian et Lau­re­line, rien ne le des­ti­nait à révo­lu­tion­ner la bande des­si­née de Science-fiction. En effet, si dès son plus jeune âge il est pas­sionné par les Illus­trés tels Tin­tin et Spi­rou, il aime des­si­ner au sein d’une famille où l’art gra­phique est pra­ti­qué en ama­teur. Cepen­dant, il fait des études d’Arts Appli­qués dans la sec­tion Tis­sus et papiers peints.
Dans les années 1950, le domaine des Illus­trés (Le terme de bande des­si­née ne sera employé que bien plus tard), est au mieux ignoré quand il n’est pas méprisé par les écoles d’arts. C’est là qu’il va fré­quen­ter Jean Giraud, Pat Mallet…

Il fait ses pre­mières armes, dès 1955, chez Fleu­rus, une mai­son qui publie Cœurs Vaillants, Fri­pou­net et Mari­sette, Âmes Vaillantes. Il col­la­bore à ces revues jusqu’en 1958. Il passe alors trente mois sous les dra­peaux, dont douze dans l’Algérie en conflit. Il revient à l’illustration, mène diverses expé­riences chez Hachette, en tant que sala­rié, puis comme des­si­na­teur indé­pen­dant. Il est fas­ciné par l’Amérique, par le Far West et ses Cow­boys qu’il des­sine comme son ami Giraud qui fait les planches de Blue­berry pour Pilote.
Il fait un séjour pro­longé aux États-Unis où il retrouve Pierre Chris­tin, un ami d’enfance, qui est chargé de cours sur le Sur­réa­lisme et sur la Nou­velle vague à l’université de à Salt Lake City.

De retour en France, Chris­tin et Mézières col­la­borent à Pilote. Ils décident d’imaginer leurs propres his­toires et d’inventer leurs propres per­son­nages. Ils retiennent la Science-fiction car elle est peu pré­sente dans la bande des­si­née. Tou­te­fois, Jean-Claude s’était essayé au genre pour Fri­pou­net et Mari­sette avec une planche sur un scé­na­rio de Jean-Marie Péla­prat : Expé­di­tion Noa­chis, des­si­née par un cer­tain J.M. Mezi, sa pre­mière signa­ture.
C’est le 9 novembre 1967 que Vale­rian, un agent spatio-temporel, débute sa car­rière dans Pilote. L’action de Valé­rian contre les Mau­vais Rêves se déroule en 2720. Mais Jean-Claude Mézières manque cruel­le­ment de sources pour des­si­ner les décors futu­ristes. Il est contraint à lais­ser libre cours à son ima­gi­na­tion et à sa fan­tai­sie, même si une large part de l’intrigue se déroule au Moyen Âge. Le per­son­nage mas­cu­lin est vite campé. Il hésite beau­coup sur Lau­re­line esti­mant qu’il est bien plus dif­fi­cile de des­si­ner une jolie femme qu’un homme. Mais, lorsqu’il se lance, le résul­tat est superbe. Et c’était parti pour trente-deux aventures.

Cepen­dant, l’activité de créa­tion de Jean-Claude Mézières ne se borne pas à cette saga. Il tra­vaille pour le cinéma, par­ti­cu­liè­re­ment sur Le Cin­quième Élé­ment (dénommé encore Zalt­man Blé­ros) de Luc Bes­son, fait des affiches…  Dans ce volume, très étoffé, très docu­menté, chaque image est accom­pa­gnée d’un texte nourri par des réflexions du des­si­na­teur, par des indi­ca­tions extraites d’entretiens inédits réa­li­sés en 2020 et 2021 entre Jean-Claude Mézières et Chris­tophe Quillien.
L’Art de Mézières pré­sente un beau pano­rama de l’œuvre. C’est une redé­cou­verte ou décou­verte d’un uni­vers flam­boyant avec nombre de des­sins, illus­tra­tions depuis ses débuts, quand il était ins­piré par Hergé et Fran­quin, les pre­mières planches de jeu­nesse jusqu’aux tra­vaux et illus­tra­tions très récentes.

serge per­raud

Jean-Claude Mézières (auteur), Chris­tophe Quillien (texte), L’Art de Mézières, Dar­gaud, sep­tembre 2021, 240 p. – 39,00 €.

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