Maurizio Cattelan témoigne de ce qui nous hante comme de ce que nous voulons ignorer. Le tout dans un espace cathédral où s’inscrit une cérémonie abstraite sur la fragilité et la perte collective.
Un spasme sourd roule dans une telle monstration métaphoriquement macabre.
Surgit ce qui nous habite depuis des siècles et des générations. Cattelan nous ramène à nos ancêtres tout en incluant le futur.
Etant dans le présent, nous oublions ce qui l’a précédé comme ce qui attend, le tout parce que nous accrochons à des oblitérations ou des mensonges organisés et des reniements.
Les fantômes sont ici à la fois désincarnés mais tout autant en chair et os. Ils sont tels que nous sommes avant notre arrivée comme après, dans notre plongeon dans l’avenir. Il y a là d’improbables vies et contrevies. Qu’importe qu’un Dieu à face humaine ait pu marcher sur la mer fendue.
La plaie de nos corps et de nos âmes ne cesse de couler dans une destination incertaine. Comment rester debout et vivant dans ce qui fait le tissu du vivant et sa fracture ?
Les noces de Cana ne sont plus. Notre sang via les artefacts sera le vin d’une fête tragique.
L’ennemi en nous-mêmes est en marche et ce, depuis toujours.
Les fantômes le rappellent. Est-ce une anticipation ?
La réponse est presque dans la question.
jean-paul gavard-perret
Maurizio Cattelan, Breath Ghosts Blind, Pirelli Hangar Biocca, Milan, jusqu’au 20 fevrier 2021.
“La plaie de nos corps et de nos âmes ne cesse de couler dans une destination incertaine. ”
Acceptons le shunt de la destination pour affirmer que le chemin porte un nom SOUFFRANCE .