Les templiers de Jean Anguera
En dépit de sa notoriété, Jean Anguera ne cède en rien à la facilité et demeure un expérimentateur. Et même lorsqu’il s’attache à un élément de nature, il obéît à une pulsion intérieure qui est déjà une confrontation et une rupture avec le réel.
Cela produit la séparation entre le créateur et le faiseur comme le rappelait déjà, avant Greenaway, Bonnard à propos des peintres paysagistes : « Il faut faire la différence entre les artistes qui savent se défendre contre le motif et ceux qui lui emboîtent le pas ».
Anguera appartient sans contexte aux premiers et ses traversées prennent de multiples aspects. Après avoir privilégié des sortes d’installations in situ et où l’être demeurait absent, ses nouvelles incarnations-montages imposent des présences massives de silhouettes impressionnantes.
Ce n’est plus le lieu qui impose sa clôture aux oeuvres mais elles qui forcent désormais l’espace.
Elles trouvent dans la Collégiale un aspect impressionnant. Les pénitents — qui sait ? Impénitents peut-être — suggèrent le crépuscule de dieux. Si bien que de tels templiers sont d’un nouveau genre.
Leur présence est duale : d’un côté ils semblent céder à la tentation de n’être pas grand chose mais de l’autre, par leur effet masse, deviennent le pense-bête autant des promesses du soir que des parjures du matin.
Ces présences veillent sans voir. Personne ne peut dire si elles ont perdu leur pouvoir ou s’il suggère une mémoire néogothique. Rien ne sert de leur dédier même la plus troubles des églogues. Ils sombrent dans leur noir mais ils se peut qu’ils rient sous cape.
Personne pourtant peut le suggérer. Pas même le sculpteur lui-même. D’où l’importance d’une telle oeuvre.
jean-paul gavard-perret
Jean Anguera, Traversées du paysage, Collégiale Saint-Pierre-le-Puellier, Cloître Saint-Pierre-le-Puellier, Orléans, du 27 octobre 2O21 au 9 janvier 2022.
JPGP sait capter ” Lêtre ” impressionnant de Jean Anguerra . Templier au centre de gravité terrien et mystérieux veilleur du soir . Noir c’est noir . Mais dans le Cloître c’est Gloire !