Ponge est toujours resté éloigné du cinéma. Il n’a jamais écrit pour lui. Néanmoins, pour Met, il s’agit de la ” figure spectrale” de son oeuvre. Charlie Chaplin lui sert parfois d’ombre tutélaire et l’auteur lui dédie le premier des apologues de Douze petits écrits.
Il rédige dans les années 30, deux critiques de films sur Les 400 coups du diable de Georges Méliès et La Marseillaise de Jean Renoir.
Réclamé dans les années 50 pour concevoir des scénarii, il refusera. Il note cependant dans ses agendas les films qu’il a vus lors de sorties au cinéma ou de rediffusions télévisuelles et exécute sommairement les Fraises sauvages de Bergman.
Il en va de même pour Visconti, Truffaut, Godard, Lelouch. Bref, il n’est pas vraiment cinéphile sinon pour les documentaires animaliers…
Ponge n’est donc en rien générateur et créateur d’objets cinématographiques. Ponge et Bresson furent, Pollet aussi (qu’il rencontra à “Tel Quel” ami mais leurs oeuvres respectives n’en laissent rien paraître tant il existe peu de résonnances entre les deux univers). Met essaie d’en créer mais cela reste tiré par les cheveux : “certains concepts-opérateurs, forgés par le poète et le cinéaste, semblent se répondre sémantiquement.
Pour exemple, le « désaffabuler » de Ponge et le « déchloroformer » de Bresson se rejoignent quant à l’impératif de refuser tout lyrisme. Voire…
Le poète ne cessa de glorifier la matière, Bresson comme Pollet l’infléchissent dans une symbolique et des partis pris bien différents.
Met le rappelle non sans un langage un peu spécieux qui ralentit la dynamique d’un tel essai.
jean-paul gavard-perret
Philippe Met, Ponge et le cinéma, Nouvelles Éditions Place, coll. Le cinéma des poètes, 2019, 122 p.