Une représentation de bonne facture, mais sans signature
Sur quelques notes de musique, une certaine inquiétude se fait sentir – chez les maîtres autant que chez ceux qui les suivent. Un orage provoque un naufrage ; l’affaire est traitée de façon elliptique. La scénographie nous installe dans un hall impersonnel, où plusieurs paravents semblent tout préparés pour dissimuler des changements de condition.
On connaît l’argument : l’inversion des rôles entre maîtres et serviteurs est l’occasion de plaisantes pitreries. Le cadre de l’action est défini par un maître de cérémonie qui se fait obéir – soit qu’il ait un véritable pouvoir, soit qu’il s’impose par sa connaissances des pratiques du territoire –afin de conduire les âmes au repentir. Il s’agit d’une de ces œuvres pré-révolutionnaires qui servent la prise de conscience de l’égalité des conditions.
On assiste à une pièce classique, présentée de manière assez attendue. Non pas que les comédiens soient en défaut, même si la pièce fait la part belle aux serviteurs, qui ont à montrer la révélation de leur propre personnalité. Le propos apparaît même par moments répétitif. A terme, sans doute est manquée une occasion de réflexion sur ce qui apparaît comme une ambigüité : l’asservissement peut-il être d’un mouvement de cœur aussi vite pardonné à ceux qui en apparaissent comme les responsables ?
La question est vite résolue par quelques mimiques alertes. On passe finalement un moment agréable, nourri par des acteurs impliqués, des répliques dynamiques, qui constituent une représentation de bonne facture, mais sans signature.
christophe giolito
L’île des esclaves
de Marivaux
Mise en scène Didier Long
Pascal Gely/Théâtre de Poche Montparnasse
Avec Hervé Briaux — Chloé Lambert — Julie Marboeuf — Pierre-Olivier Mornas — Frédéric Rose ou Didier Long (les 18 et 24 septembre / les 3 — 7 — 8 — 12 et 17 octobre / les 3 — 9 — 19 –20 — 24 — 26 et 27 novembre / les 3 — 7 — 9 et 17 décembre).
Assistante mise en scène Séverine Vincent ; décor/scénographie Jean-Michel Adam ; lumières Denis Koransky ; musique François Peyrony ; costumes Corinne Rossi.
Au théâtre de Poche-Montparnasse, 75 bd du Montparnasse, 75006 Paris
Tel : 01 45 44 50 21 — Tous les jours de 14h à 18h
http://www.theatredepoche-montparnasse.com/project/lile-des-esclaves/
À partir du 24 août 2021 — Du mardi au samedi 21h, Dimanche 15h
Plein tarif 35 € — Tarif réduit 28 € / 10 € (-26 ans)
Production Théâtre de Poche-Montparnasse — durée 1h30