Gihef & Morgann Tanco, Monsieur Vadim – t.02 : Supplément frites et sulfateuse

Quand un Senior se déchaîne

Avec Mon­sieur Vadim, Gihef confronte un vieil homme, souf­frant des maux du grand âge, arthri­tique, à la néces­sité de retrou­ver le droit de voir son petit-fils quand il le veut. S’il n’a plus l’autorisation de l’approcher, c’est parce que son gendre, une ver­mine de basse espèce, a amené son épouse, la fille de Vadim, à som­brer dans la drogue. Toxi­co­mane, elle est en soins inten­sifs.
C’est la rai­son pour laquelle, chaque jour Vadim regarde le feuille­ton Les Coquillages de l’Amour, une série mièvre. Elle le rap­proche de sa fille qui appré­cie cette his­toire.
Ceci est l’aspect sen­ti­men­tal du récit car le scé­na­riste ne se prive pas de don­ner un tempo tonique à son récit, une his­toire où les armes tonnent, les coups pleuvent, les poings s’activent…

Vadim Koc­zinsky, un ancien légion­naire, se retrouve sans res­sources et sans loge­ment par la faute d’un cura­teur véreux. Alors qu’il se res­taure, trois voyous veulent déva­li­ser les clients. L’un d’eux s’en prend à lui. Il retrouve ses réflexes et, au terme d’une solide bagarre, les met en fuite. Cette affaire est rap­por­tée à un restaurateur-trafiquant belge. Celui-ci le ren­contre, lui pro­pose gîte et cou­verts contre un petit ser­vice : le débar­ras­ser des membres d’une mafia locale.

Vadim, par sur­prise, tire un coup de feu mal­en­con­treux pen­dant le pince-fesse qui suit le mariage de la fille de Gia­co­pini, un chef de clan. C’est la panique. Mayo, au volant, se pré­ci­pite alors qu’une voi­ture de maître arrive. La col­li­sion est inévi­table et le chauf­feur s’en prend au gar­çon avec une arme. Vadim arrive, détourne l’arme et le chauf­feur est pris sur le fait.
Le com­mis­saire, qui s’emploie à séduire l’assistante sociale qui s’occupe de Vadim, fait en sorte que celui-ci ne soit pas inquiété. Gia­co­pini, jette son dévolu sur le vieux sol­dat et l’invite dans sa luxueuse voi­ture.
Mais avoir vu son petit-fils adoré ser­vir de mule pour un tra­fic de drogue met Vadim en colère et il veut faire ce qu’il faut pour que cela cesse…

L’action est omni­pré­sente et toni­truante. Autour de Vadim qui pos­sède encore une belle forme phy­sique quand il le faut, le scé­na­riste déploie une belle gale­rie de per­son­nages. Du petit voyou au chef mafieux, du com­mis­saire amou­reux à la belle assis­tante sociale, il fait défi­ler une belle col­lec­tion de pro­ta­go­nistes dont deux ou trois se dis­tinguent, tel ce res­tau­ra­teur, employeur de Vadim, qui ne donne pas une vision très relui­sante de l’humanité.
Le scé­na­rio est solide, les péri­pé­ties s’enchaînent avec cohérence.

C’est Mor­gann Tanco qui est en charge du des­sin. Il a opté pour un gra­phisme semi-réaliste qui res­ti­tue avec jus­tesse le côté tonique de l’histoire avec une gale­rie de belles gueules, des per­son­nages faci­le­ment iden­ti­fiables. Les décors, très pré­sents, servent à mer­veille les actions. La mise en cou­leur est l’œuvre de Cerise qui a trouvé les teintes tout à fait adap­tées pour faire res­sen­tir les ambiances.
Un dip­tyque fort agréable à décou­vrir pour le sujet, le dyna­misme et le héros. On peut se poser la ques­tion d’une suite, même si elle ne semble pas pré­vue pour l’heure, mais qui serait la bien­ve­nue tant Vadim est attachant.

serge per­raud

Gihef (scé­na­rio), Mor­gann Tanco (des­sins) & Cerise (cou­leurs), Mon­sieur Vadim – t.02 : Sup­plé­ment frites et sul­fa­teuse, Bam­boo, label “Grand Angle”, août 2021, 56 p. – 14,90 €.

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