Le parfait amour
Ettore Molinario présente le nouveau dialogue de sa “Collection”. Une nouvelle fois, c’est un hommage au fétichisme.
Apparaissent, à côté d’une rose d’Edward Steichen, les bottes d’un photographe anonyme des années 1960. Un lien les unit.
Les amoureux des roses savent que cette fleur est divisée en deux parties qui représentent la nature convulsive, contradictoire, chaste et cruelle du cœur humain. Ces adeptes du plaisir sont comme deux armées qui, au lieu de s’affronter en pleine bataille, amènent corolle et tige dans leurs tranchées.
Edward Steichen fut pionnier de la photographie de mode et devint responsable de l’image chez Vogue et Vanity Fair. Sa rose, si délicate, si droite, parle d’un amour complet en s’ouvrant à la lumière et en ouvrant l’obscurité d’où naît le tourbillon des pétales.
En écho, dans la photographie de la femme tronquée tout est en équilibre entre le ciel et la terre. Il y a là deux vies. L’une montre le coeur, l’autre la tige par les jambes coupées dans la prise de vue du photographe allemand anonyme.
Elles sont protégées par des chaînes et des cadenas comme s’il s’agissait d’épines.
Les talons gonflent à la cheville comme un fruit et les lacets qui resserrent la peau sont le désir de protéger et de préserver cette beauté.Et que l’on contemple les pétales ou le cuir des bottes, peu de changements.
Les deux oeuvres dans leur diversité parlent par métaphore le parfait amour.
jean-paul gavard-perret
Ettore Molinario, Dialogues 4, Editions CEM (Collezione Ettore Molinario), Italia, 2021.