Mario Giacomelli, Figure/Ground

Méta­phy­sique visuelle

Mario Gia­co­melli (1925–2000) a vécu toute sa vie à Seni­gal­lia, une ville de la côte adria­tique dans la région des Marches. Il devient poète et peintre puis gra­veur.
Après avoir acheté son pre­mier appa­reil photo en 1953, il est reconnu aus­si­tôt comme maître de la pho­to­gra­phie du por­trait et du paysage.

Il uti­lise le flash, le film gra­nu­leux, le papier à contraste élevé pour créer des com­po­si­tions géo­mé­triques auda­cieuses avec des noirs pro­fonds et des blancs écla­tants. Il est resté par­fois plu­sieurs années pour explo­rer une idée pho­to­gra­phique et la déve­lop­per ou encore à reprendre une de ses images d’une série pour l’insérer dans une autre.
Si bien qu’il méta­mor­phose des sujets fami­liers en médi­ta­tions sur le temps, la mémoire, l’existence.

L’expo­si­tion Mario Gia­co­melli : Figure|Ground pré­sente 91 pho­to­gra­phies de Gia­co­melli. Elle est aussi un hom­mage à la mémoire du col­lec­tion­neur Daniel Green­berg (1941–2021) et a été pos­sible grâce aux dons de son épouse. Ils sont à la base de cette pre­mière expo­si­tion mono­gra­phique de l’artiste dans un musée amé­ri­cain.
Son tra­vail débuta en 1954 par une série inti­tu­lée plus tard Death Will Come and It Will Have Your Eyes à par­tir d’un poème de Cesare Pavese. Repré­sen­tant des rési­dents de la mai­son de retraite de Seni­gal­lia et réa­li­sées au flash, les images se carac­té­risent par leur exa­men minu­tieux des per­sonnes vivant leurs der­niers jours.

Les pay­sages ont aussi une place impor­tante. Et l’exposition pré­sente plu­sieurs pre­mières œuvres datant des années 1950, ainsi que des séries plus récentes dont Meta­mor­pho­sis of the Land et Awa­re­ness of Nature sur les champs et les fermes des Marches. Gia­co­melli y sou­ligne com­bien le moder­nisme de l’agriculture a modi­fié la terre.
Sou­vent il aura mélangé le por­trait au pay­sage afin de brouiller les lignes entre la figure et le lieu. Plu­sieurs de ces séries ont été ins­pi­rées par des poèmes com­po­sés par lui-même ou par d’autres.

Il s’agit tou­jours de sou­li­gner la dépen­dance entre l’espace, le temps et  l’être, au sein d’une forme de méta­phy­sique visuelle qui souffle sur les braises de réel en cher­chant dans le noir et blanc un sceptre pour régner.

jean-paul gavard-perret

Mario Gia­co­melli, Figure/Ground, The Getty Cen­ter Museum, 1200 Getty Cen­ter Dr, Los Angeles, CA 90049, États-Unis, du 29 juin au 10 octobre 2021.

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