Victime consentante de l’amour
Cécile Odartchenko livre la suite de son journal des passions. Amoureuses. Mais pas seulement.
Mais toujours à l’ombre, ou plutôt la lumière de François Augiéras avec lequel la vie s’ouvrit comme pour jamais se refermer.
Fille du poète russe Georges Odartchenko, épouse d’Albert Loeb, mère de Caroline Loeb, amie de Pierre Schaeffer, la romancière fait de nombreux séjours aux USA avant de revenir définitivement en France en 1991. Fondatrice des éditions des Vanneaux, elle semble vivre (dit-elle) “entre les pages de Vagues de Viriginia Woolf”.
Mais plus douée qu’elle pour l’existence, à chaque nouvelle passion, elle réapprend l’amour “comme si jusqu’à présent je n’avais encore jamais su ce que c’était”.
D’où la puissance de feu de cette obsessionnelle du sentiment. Elle trouve en l’amour non la connaissance mais l’innocence. Mais ce n’est pas simple : Pour la mériter, il ne faut pas clôturer ses frayeurs.
Car c’est là et pour elle l’activité chamanique accordée aux amants pour peu qu’ils possèdent un sentiment extatique de la nature.
Sans s’arrêter jamais, la romancière et éditrice, aux prises avec les nécessités et ennuis de cette dernière activité, préserve néanmoins le temps d’écrire son journal. Il est précis, circonstancié, alerte. S’y mêlent les moments d’existence et ceux de ses rêves (un moment poétiquement “spatialiste” avec Pierre Garnier).
Bref, tous les temps d’envol qui, saisons après saisons, amours après amours se succèdent chez celle qui conjugue la force et la fragilité en un feu intérieur où le désir commande tous les actes.
Cécile Odartchenko, Une femme heureuse, vol. 2 — Hiroshima des fleurs, éditions Propos Deux, Ongles, 2021, 196 p.- 22,00 €.