Lucas Belvaux, Des hommes

Ce que la guerre fait aux hommes

Des hommes est un film franco-belge écrit et réa­lisé par Lucas Bel­vaux. Il est l’adaptation du roman Des hommes de Laurent Mau­vi­gnier. La guerre — celle qui n’avait pas de nom -, le réa­li­sa­teur y revient dans un exer­cice de nar­ra­tion et de mémoire.
Il invite à com­prendre ce qui s’y est passé dans la tête d’un appelé fran­çais, devenu un sexa­gé­naire raciste inter­prété par Gérard Depardieu.

Le film en explore les plaies mal cica­tri­sées à tra­vers un Feu-de-bois explo­sif qui s’introduit ivre chez Saïd, plaque sa femme au mur, traite la famille de “bou­gnoules”.
Dans son vil­lage, il est peu aimé, même de Rabut (Jean-Pierre Dar­rous­sin) qui, comme lui, a fait la guerre d’Algérie, mais dont la rete­nue n’a d’égal que la tru­cu­lence de son “ennemi” de toujours.

Ce film “se veut un peu répa­ra­teur (…) recon­nais­sant toutes les souf­frances», explique le cinéaste qui ajoute : «Il y a eu évi­dem­ment les souf­frances du peuple algé­rien qui ont été très longues mais celle des appe­lés a été extrê­me­ment pro­fonde aussi, la souf­france des har­kis, la souf­france des pieds-noirs, avec énor­mé­ment d’injustice dans tous les sens et de non-reconnaissance. On en subit les séquelles encore aujourd’hui».

La ten­dresse que Feu-de-bois exprime pour sa soeur (Cathe­rine Frot) convainc tou­te­fois le spec­ta­teur de ten­ter de com­prendre cet ogre des plus repous­sants. D’autant que, lorsque les gen­darmes s’apprêtent à arrê­ter son frère, elle se replonge dans les lettres qu’il lui envoyait d’Algérie. Celui qu’on appe­lait encore Ber­nard est un jeune homme qui découvre la beauté d’un pays. “Cela doit être for­mi­dable de vivre ici”, écrit-il.
Mais il y a aussi ce que le jeune homme de vingt ans ne raconte pas parce qu’ “il n’y a pas de mots pour ça” et parce qu’il veut ras­su­rer sa famille.

D’où ce mon­tage réa­liste entre deux temps et entre deux parts de la psy­cho­lo­gie du “héros”. La guerre est là par frag­ments et dans ses consé­quences chez ceux qui y furent envoyés ou qui durent la subir en diverses dia­lec­tiques qu’interrogent les images d’hier et d’aujourd’hui. Le réa­li­sa­teur ne montre pas l’horreur car elle ne peut se racon­ter. Elle est évo­quée par un trau­ma­tisé, un reve­nant.
Bel­vaux redonne la parole à des anciens com­bat­tants qui peu à peu dis­pa­raissent et “béné­fi­cièrent” d’une sale image qu’ils ne méri­taient pas et furent ren­dus cou­pables de crimes qui ne furent pas de leur fait.

Reste une zone grise chez de tels sol­dats qui se sen­tirent par­fois proches du peuple et par­fois comme son ennemi.
Et à mesure que le temps passe, les corps implosent plus qu’ils n’explosent mais sans apai­se­ment dans ce qui devient un secret de famille au sens large du terme.

jean-paul gavard-perret

Des hommes

De : Lucas Bel­vaux
Par : Lucas Bel­vaux, Laurent Mau­vi­gnier
Avec : Gérard Depar­dieu, Cathe­rine Frot, Jean-Pierre Dar­rous­sin
Genre : Drame, His­to­rique
durée : 1H41mn
Sor­tie : 2 juin 2021

Synop­sis

Ils ont été appe­lés en Algé­rie au moment des “évé­ne­ments” en 1960. Deux ans plus tard, Ber­nard, Rabut, Février et d’autres sont ren­trés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais par­fois il suf­fit de presque rien, d’une jour­née d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que qua­rante ans après, le passé fasse irrup­tion dans la vie de ceux qui ont cru pou­voir le nier.

 

 


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