Orlan jette propose divers types de désordre face au monde, aux choses, aux genres et aux images par le regard qu’elle porte sur eux et sur elle-même.
Et cela revient à créer et recréer sans cesse une sorte de méthode non-méthode qui rappelle la façon de ramasser les haricots : il y a de belles rangées, l’ordre semble évident mais il faut aller d’un pied à l’autre, d’un pays à l’autre : des lignes imaginaires se croisent et se recroisent. Mais, au bout du compte, les haricots sont dans le panier.
Cette cueillette permet d’envisager l’oeuvre dans une perspective de continuité sans insister sur sa fragmentation. A chacun de ses temps se développent un conflit, des tensions entre plusieurs modalités temporelles et géographiques.
Au regardeur — comme au lecteur de ses “mémoires” de trouver un chemin là où Orlan infiltre sa frénésie mais aussi — liesse à part — son ordonnancement peut-être pas si utopique qu’on peut parfois le penser.
Ainsi, une fois les haricots dans le panier, ne reste qu’à savoir comment ils seront assaisonnés par nos soins.
jean-paul gavard-perret
Orlan, Strip-tease. Tout sur ma vie, tout sur mon art, Gallimard, collection Témoins de l’art, 3 juin 2021, 352 p. — 29, 00 €.