Un nouveau joyau dans une belle série
L’intrigue se déroule en alternance dans la base lunaire et sur la Terre dévastée. Le scénariste déploie une évolution du groupe qui se retrouve totalement abandonné avec les tensions qui peuvent naître en fonction des caractères des individus et d’une situation qui devient de plus en plus critique.
Parallèlement, Alain Brion fait suivre le parcours mouvementé de Darwin, l’androïde dont le nom n’a pas été pris au hasard, mais le résultat d’un choix judicieux. On retrouve des éléments d’intrigue post-cataclysmique et un magnifique parcours à dévoiler a minima pour ne pas gâcher les surprises. Le scénariste impulse nombre de rebondissements tant sur la surface lunaire que sur la planète Terre.
En 2073, sur la surface lunaire, la tâche du Dr Irina Chichkina et de Darwin, un androïde disposant d’une forme de libre arbitre, est interrompue par une alerte. Le gros astéroïde, qui doit frôler la Lune, va se scinder en trois avant de frapper la Terre. C’est la consternation. Irina est angoissée mais, cependant, elle ne contacte pas sa fille restée en Russie. Tous les membres de la mission lunaire assistent, en direct, aux impacts. Ils perdent toutes leurs liaisons et se retrouvent totalement isolés, livrés à eux-mêmes.
Deux mois plus tard, un accident de dépressurisation a tué quatre personnes et endommagé la ferme hydroponique. Pour qu’elle soit à nouveau opérationnelle, il faut une année alors que les réserves ne permettent de tenir que trois mois. Lors d’une réunion, le groupe entérine la seule option possible. Il faut envoyer quelqu’un sur Terre avec l’unique capsule utilisable pour récupérer une fusée d’un programme spatial. Mais la capsule est monoplace et c’est Darwin qui a les meilleures chances de réussir…
Alain Brion est un auteur complet et, en tant que tel, il assure dessin et couleurs directes. Si les décors sont grandioses, qu’ils présentent l’espace ou les ruines, ils sont d’une impressionnante minutie et stimulent une puissante évocation. Ils tiennent la place d’un personnage. Ces derniers sont réalistes, joliment campés, avec des regards intenses et intelligents, de beaux visages et une gestuelle appropriée aux situations où ils sont placés.
Avec un récit soutenu, une intrigue tout à la fois musclée et subtile menant en tension jusqu’à un dénouement inattendu, une histoire brillamment mise en image, Alain Brion signe un superbe album. S’il a, à son actif, un nombre impressionnant d’illustrations de couvertures de romans, on attend avec impatience d’autres albums de cet auteur trop rare en BD.
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serge perraud
Alain Brion (scénario, dessin et couleurs directes), Androïdes – t.10: Darwin, Soleil, coll. “Fantastique”, mai 2021, 64 p. — 15,50 €.