Fragment XXXI ou Le Livre
Qu’attendre de la condensation que le livre, témoin oculaire, établit comme vérité ?
En effet, les temporalités de l’auteur et du liseur font acte de foi pour le livre, qui scelle deux destins.
Une spéculation, œuvre qui coexiste avec elle-même. Le livre unit. Il agrège. Il allie. Fusion des pensées.
Tailles transversales, celle de l’émondement, de quelque chose qui se valorise avec la durée. Témoin bien au-delà de la bibliothèque.
De ce fait, je précise que je suis plus lecteur qu’écrivant, du moins pour la répartition des heures de mes journées. Je pense le livre mieux comme objet que comme finalité.
Il ouvre plus qu’il ne stationne. Il est seuil plus que fini.
Pont entre ce qui existe et ce qui n’existe pas. Ce qui n’empêche pas la sacralité, l’émotion spirituelle. Même si la raison humaine défaille, le livre accuse ce changement. D’autant que les formes immatérielles de communication de l’écrit s’atomisent encore malgré la résistance des temps.
Une tension ainsi au beau milieu de cette époque qui détruit le livre.
Ce qui demeure, le besoin de soins du texte, de clarté du propos que ni le papier ni l’écran ne peuvent abolir. Existe-t-il toujours une issue ?
Oui, en un sens, car le livre s’attache à la très importante révolution de Johannes Gutenberg, alliant des temps troublés et les provoquant. Aujourd’hui, révolution rapide aussi des écrans multiples qui suivent les êtres humains.
Écrire, lire, écrire.
Que ces mots sont réconfortants.
Ils représentent mon idéal d’être.
Ma vie dans les pages.
Didier Ayres