Paul Auer, Les Amants de Jésus

Faire son para­dis sur Terre

Le héros de ce roman de défor­ma­tion plus que de for­ma­tion est très jeune pas­sionné par les lieux clos : les pen­sions de famille ou de retraite.
Pas éton­nant dès lors que; plus ou moins animé par le sei­gneur, il se sent pous­ser des ailes mais pas for­cé­ment des désirs propres à son âge.

Il rêve d’appartenir à l’ordre le plus pres­ti­gieux du catho­li­cisme : celui des Jésuites. C’est pour lui une manière de faire son para­dis sur Terre et de gar­der un esprit saint. Pour le corps, il n’en va pas de même.
Mais il ne cache en rien ses pen­sées et ses actes sans for­cé­ment vou­loir sépa­rer le bon grain de l’ivraie.

Bien des incon­nus hantent la tête du nar­ra­teur. Quit­tant la lit­té­ra­ture pour les mathé­ma­tiques “afin de n’être plus jamais repris par per­sonne”, une telle stra­té­gie se trouve fal­la­cieuse. Sa soeur cadette n’y est pas pour rien mais elle n’est pas la seule.
De toute façon, lorsque les corps sont sou­mis à leur des­tin tout est bon — même les disques de Fran­çoise Hardy.

Preuve que les voies d’une sain­teté sont impé­né­trables. Un brave curé est là pour sor­tir ce quasi nour­ris­son mys­tique de cer­taines images dou­teuses afin de l’orienter vers la Com­pa­gnie de Jésus idéale (peut-être) à qui rêve d’une roi­deur morale.
A côtoyer un saint homme, le héros croit le devenir.

Mais les che­mins de la “liberté” prennent des tour­nants là où l’homosexualité — mais pas seule­ment — se dresse comme un obs­tacle. En dépit de cer­taines impul­sions et d’autres qui en sont la par­faite contra­dic­tion, une déci­sion est prise. Du moins par­tiel­le­ment.
Plus ques­tion d’entrer dans la prê­trise mais ne pas renon­cer à demeu­rer Com­pa­gnon de Jésus. De manière provisoire.

Nous sui­vons non sans attrait et c’est peu dire les affres de celui qui bas­cule dans des aven­tures pas tou­jours sacer­do­tales. Dès lors, sa vie va brin­gue­ba­ler et presque virer de bord.
Le corps a en effet des rai­sons que la reli­gion et ses amants ignorent.

jean-paul gavard-perret

Paul Auer, Les Amants de Jésus, Cherche Midi, Paris, avril 2021, 320 p. — 19,00 €.

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