Avec Wanted Lucky Luke, Mathieu Bonhomme célèbre à sa manière les 75 ans du héros, un héros qui n’a pas pris une ride ! Le Veinard !
Alors que Jolly Jumper boit l’eau d’une rivière dans une région désertique, un coup de feu retentit. Du haut de la falaise, un homme armé d’un fusil menace le cow-boy. Or, celui-ci ayant plus d’un tour dans son sac, riposte et se lance à la poursuite de son assaillant. Sur place, il ne trouve qu’une affiche tachée de sang qui offre 50 000 $ pour la capture, vivant, de… Lucky Luke.
Il n’a pas le temps de s’interroger car des coups de feu retentissent à un rythme soutenu. C’est un groupe de cavaliers indiens. Ils ont dispersé un troupeau de vaches et encerclent un chariot. L’intervention de Luke est décisive et il délivre trois jeunes femmes. Si Cherry se précipite sur leur sauveur, Angie le menace. Elle a une affiche et a reconnu le cow-boy. Celui-ci se défend d’être un meurtrier. L’affaire en reste là car elles ont besoin de lui pour réunir le troupeau. C’est le seul bien qu’il leur reste depuis la mort de leurs parents. Elles vont le vendre à Liberty et changer de vie. Il propose de les accompagner car la région reste dangereuse à traverser.
Mais la diffusion de cette affiche attire tous les malfaiteurs qui veulent, ou la récompense, ou se venger et Lucky Luke va se retrouver…
Par rapport à la série “officielle”, Mathieu Bonhomme n’a pas de contraintes pour respecter ce que représente Lucky Luke, ses valeurs, son histoire. Il peut donc s’ouvrir vers plus de western, plus d’actions, plus de noirceur. Il confronte ce personnage à une série de tentations. Celle du tabac, depuis que sous la terreur imposée par les ligues anti-tabac, il a dû abandonner la cigarette. Comme les anciens fumeurs, l’attirance reste présente. C’est l’occasion de quelques jolis gags.
Il y a la présence et la promiscuité avec de jolies jeunes femmes dont l’une est très amoureuse.
L’auteur introduit nombre de références au cinéma hollywoodien. Il fait revenir dans son histoire nombre de protagonistes que le héros a déjà fréquentés, pour le meilleur mais surtout pour le pire, dans des albums précédents. On retrouve un personnage qui porte les traits de René Goscinny. Il use également de symboles presque bibliques dans cette aventure comme la présence de serpents, la traversée du désert, l’intérêt que portent nombre d’individus à sa personne dans une fameuse scène où chacun veut l’attraper en criant : “Il est à moi !”, “À moi !”…
Graphiquement, avec un trait élégant, il livre une galerie d’interprètes dans la tradition du western avec une touche singulière, mais bienvenue, de modernité. Il rehausse son dessin de couleurs somptueuses soulignant ainsi des décors superbes.
Avec Wanted Lucky Luke, Mathieu Bonhomme propose un bien bel hommage avec un scénario au plus juste et un graphisme d’une belle joliesse.
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serge perraud
Mathieu Bonhomme (scénario, dessin et couleur), Wanted Lucky Luke, Dargaud, avril 2021, 68 p. – 15,00 €.