John G. Avildsen, Rocky, 1976.
Le Cahier est issu d’un moment d’écriture qui a pour support un cahier Conquérant de 90 pages à petits carreaux; il est manuscrit jusqu’au moment où je l’écris de nouveau , cette fois-ci sous la forme d’un texte.
J’y prône la possibilité donnée à l’écrivain de, tout en parlant de lui, tenir un discours pour autrui.
J’aime la forme “je”, qui a des principes d’identification auxquels je prête foi.
Fragment XI Ou La vie
Le monde est plein de signes, c’est un empire de signification. Il est tout à fait symbolique. Des traces. Dans le sens vertical. Sur un paradigme.
Il transite dans une sphère d’axes et de mouvements. Il s’élève. Il grandit. Il fait un mur. Il est barrage.
Et de lui dépend la vie. Il est son recueil. En lui la vie opère des impératifs : le souffle, se nourrir, rêver.
Elle confine intimement à la pensée des bords, qui définissent et finissent la forme.
Intriquée au monde, la vie fait langage. Objet de son objet, l’existence se ferme sur une réalité, sur la réalité.
Il n’y a pas coupure mais continuité entre l’espace et le soi. Vivre, telle est la question.
Matière noire qui ne connaît d’équivalent que dans sa nomination, dans ce qu’elle désigne, désignation accompagnée du verbe.
Exister est cette double langue harassante : nuit dans la nuit, et lumière dans la lumière.
Matière fibreuse, donc, de la vitalité organique. Qui organise une sorte de poétique, la vigueur de sa génération.
Ce qui peut se saisir, se comprendre. Pour paraphraser : vivre, rêver peut-être… vivre.
Habitation, refuge. Le corps ainsi que sa finitude dépendent de la topologie du manque. De ce qui manque, de ce qui fait absence.
Pour respirer, il faut un espace. Pour vivre, il faut des signes.
En un sens, il y a une mécanique des fluides. Flux de matière ombreuse.
Obscurité où vaguent les flux du temps, du sang, où se déroulent l’énigme du souffle, la pulsation cardiaque.
Il en découle que ces fonctions vitales nous restent secrètes.
Didier Ayres