Dans les arrière-cuisines de l’économie mondiale…
L’intrigue se déroule dans les bas-fonds des milieux d’affaires, de ces affaires internationales aux connections les plus diverses et les plus troubles. Un homme se bat contre ceux qui exploitent la misère, ceux qui abusent des enfants les faisant travailler dans des conditions d’hygiène et de sécurité minimales voire totalement absentes.
L’action est omniprésente et les protagonistes se livrent à de nombreux pugilats. Mais, ces combats menés par le héros mettent en lumière les affrontements qui se déroulent à ces niveaux de gouvernance avec les équipes de nervis mis au service des truands à la tête de ces cartels.
Jean Ravelle, un Français installé au Brésil, est président de la Ravel Corporation. Il est l’époux de la belle Han Qi, l’héritière d’une riche famille chinoise dirigée par le terrible Wong Tze Qi. Jean pourrait mener l’existence d’un entrepreneur qui a réussi s’il n’avait ce don qui l’amène à mener une double vie. Il entend les prières des enfants morts dans des conditions brutales. Il n’a de cesse de devoir les venger, ces enfants victimes des trafics de drogue, de la criminalité, des conditions de travail désastreuses.
Lorsqu’il découvre que sa belle-famille joue un rôle bien trouble dans la mort de centaines d’enfants dans un accident qui a détruit une usine en Inde, il s’attaque à elle.
Pour l’heure, il est poursuivi par des djihadistes parce qu’il veut faire payer le meurtre de quatre-vingt-neuf enfants dans des villages quand ils ont voulu prendre le contrôle du pétrole. Capturé, il est délivré par une intervention musclée pilotée par son avocat. La confession du bourreau est relayée par Al Jezeera.
C’est dans un luxueux hôtel qu’il tombe dans un piège, sauvé cette fois par son épouse. Or, celle-ci joue sur de nombreux tableaux…
Stephen Desberg joue en priorité l’action, déroulant une succession de scènes dynamiques donnant quelques explications sur les motivations, sur les tractations et les complots qui se trament pour empêcher un illuminé de remettre en cause une belle rentabilité obtenue à tout prix. Il indique que le milieu des affaires n’a que faire des décisions politiques des gouvernements en montrant les collusions entre magnats américains et chinois.
Le dessin de Miguel Lalor est remarquable par son réalisme et son dynamisme. Il en faut pour mettre en images un tel scénario. Les personnages sont fort bien représentés et facilement identifiables. Leurs relations ainsi que leurs expressions sont parfaitement étudiées et donnent les tonalités de l’intrigue. Les décors sont soignés. Les planches offrent des mouvements séduisants avec des vues fort travaillées et intéressantes. Il ne faut pas s’attarder sur le dessin de couverture, l’intérieur est beaucoup mieux. Pour la mise en couleurs, Amélie Vidal use de teintes vives, de tons toniques pour accompagner délicieusement le dynamisme de l’ensemble scénario-dessin.
Ce second tome, qui paraît presque cinq ans après le premier, propose un récit riche en actions avec un graphisme très agréable à regarder.
serge perraud
Stephen Desberg (scénario), Miguel Lalor (dessin) & Amélie Vidal (Couleur), Le Rédempteur – t.02 : Les cris de la mondialisation, Dargaud, février, 48 p. – 13,99 €.