Valère-Marie Marchand nous entraîne — au moment où nous en sommes privés — dans diverses piscines et espaces aquatiques à la rencontre d’énergumènes des deux sexes : crawlers, dames grenouilles, barboteurs hédonistes accompagnent l’aquarêveur aux sandalettes antidérapantes et maillot de bain à l’ancienne tel un Monsieur Hulot d’un temps presque moderne mais dont il n’apprécie guère la capillarité tant il a ses jambes à faire fouetter dans la mesure du possible.
A coté de lui, le crawler a l’air d’un effronté. “Serial nageur à la pâleur de chlore”, il demeure à tous les sens dans le bain même si, hors de l’eau, sa rare pilosité lavasse ne fait pas de lui le phénix des piscines.
Bref, il est l’inverse de “la madone des jacuzzi” qui accuse peu de kilos superflus et fait tout pour qu’on parle d’elle.
D’où cette suite de portraits en eaux où les héros se recoupent d’une histoire à une autre. L’humour est constant, désopilant et en quelque sorte critique mais sans jamais porter atteinte à l’intégrité de ces passionnées des piscines plus municipales qu’olympiques. Super women ou men accompagnent des moulineurs moins pertinents.
Mais tous se donnent en spectacle, trouvant dans le milieu aquatiques la liberté d’être soit simples “acquabonistes”, soit chevronnés adeptes du tuba pour glouglouter à leur rythme.
Le livre est un délice par les portraits levés mais surtout par l’art de les écrire. Aucune fausse note dans un tel flux.
Il convient d’y plonger tout en restant au bord des bassins où de tels rois et si reines sont de véritables cas d’espèces de type batracien.
jean-paul gavard-perret
Valère-Marie Marchand, Le club des aquarêveurs, éditions Héliopoles, mars 2021 — 15,00 €.