Pierre Bergounioux — tel Baudelaire en son époque — revient sur les démêlés avec le temps et le métier de vivre.
Dépassant son propre moi de l’instant, il met son expérience en relation avec le passé et ses résurgences où, comme il l’écrit, “chacun des actes présent semble procéder d’une cause à venir, et inversement.”
Il connaît et épouse de tels moments avec une précision de géomètre tout en élargissant son expérience à la nature humaine. Et de préciser : “Je sais exactement à quelle figure de la procession qui s’allonge chaque jour derrière nous, à quel être passé de nous-même, imputer chaque soin de la vie présente, ses inclinations, ses hantises, ses travaux et ses fins”.
Pierre Bergounioux propose en conséquence une étrange autobiographique en élargissement. Elle se situe à l’inverse des autofictions qui remplissent les rayonnages des librairies.
Car si l’auteur métamorphose son livre en miroir, une telle traversée devient l’exposition extrême de ce qui échappe souvent aux hommes.
L’auteur retrouve des paliers et des piliers absolument imparables qui sont autant des relances là où la vie avance comme une boule de flipper avec zig-zag et retour amont avant un game-over le plus loin possible et en espérant récupérer des parties gagnantes.
jean-paul gavard-perret
Pierre Bergounioux, Métamorphoses, illustrations de Philippe Comar. Fata Moragna, 202o, 40 p. — 11,00 €.
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