Roman policier et traité d’histoire sur le terrorisme
Le présent roman est la seconde partie d’une trilogie sur le terrorisme commencée avec La Guerre est une ruse (Folio Policier n° 905). Le troisième volet, La fabrique de la terreur, est paru aux Éditions Agullo en 2020.
L’action du présent livre se situe après les accords de Dayton, signé à Paris, à la fin de l’année 1995, accords censés ramener la paix dans les territoires de l’ex-Yougoslavie. Le romancier dépeint la situation qui reste très chaotique sur les lieux mêmes, où les combats laissent la place à des mafias toujours à l’œuvre. Ce sont les retours vers les pays d’origine de mercenaires, avec leurs armes, acquis aux principes du jihad prônés par la survenue d’Al-Qaïda.
Ces membres de brigades, financées par des pays théocratiques, se répandent et sèment meurtres et attentats. C’est la période, en France, post-Khaled Kelkal, après la vague d’attentats en France entre le 11 juillet et le 17 octobre 1995.
C’est le temps des exactions menées par ce groupe qui fut appelé le gang de Roubaix. Ce sont les véritables débuts de la résurgence de l’islamisme radical et des horreurs qui s’en suivent touchant l’Europe occidentale.
En 1996, à Roubaix, deux policiers voulant contrôler les passagers d’une Audi, se font tirer dessus avec des armes de guerre. Le capitaine Joël Attia et la lieutenant Riva Hocq se précipitent sur les lieux. C’est la guerre qui débute dans la banlieue de Roubaix.
Dans la nuit, Réif Arno a du mal à émerger de son abus de vodka et de coke quand son rédacteur en chef lui téléphone. Il doit se rendre sur les lieux de la fusillade car c’est lui qui a couvert, il y a quelques jours, le braquage d’une supérette à Wattrelos. Réif se demande qui est la fille à moitié nue qui dort sur son canapé. Ne se rappelant pas de son prénom, il fouille son sac. Elle se nomme Vanessa Benlazar.
Ayant échoué à tirer quelques indications de Riva, avec qui il a eu une brève aventure, il retrouve un caïd qui lui lâche parfois des informations. Celui-ci finit par livrer deux noms, mais lui fait comprendre, de manière très brutale, que Réif ne doit plus le contacter.
Laureline Fell, la boss de l’antiterrorisme à la DST est en contact avec le capitaine Tedj Benlazar, de le DGSE, en mission à Sarajevo pour surveiller des barbus mercenaires qui combattaient dans l’armée bosniaque.
Réif a réussi à situer les deux noms, des combattants de la brigade El Moudjahidin à Zenica. Il décide de partir sur les lieux…
L’auteur décrit les différentes étapes de la guerre en Bosnie, le siège de Sarajevo, les forces en présence et avec force détails la montée en puissance, par un prosélytisme effréné, des combattants sous l’emprise d’émirs. Il cite des faits, des chiffres, les flots d’argent pour structurer et armer l’armée bosniaque. Dès l’été 1992, les Frères musulmans égyptiens envoient 3,5 millions de dollars, l’Arabie saoudite 17 millions, la Jordanie, Les Émirats arabes unis… Ce sont les livraisons d’armes par l’Iran, par l’Arabie saoudite…
Il brosse un portrait peu amène de ces journalistes qui font un rapide passage dans les lieux et en tirent des papiers manichéens. Il moque également ces voyages organisés pour des politiques et des intellectuels qui n’apportent rien car la réalité leur est dissimulée. Il place le renseignement français dans ses contradictions et sa vue à court terme.
Avec ce roman extrêmement documenté, avec une vue historique au plus près de la réalité, avec des arguments structurés, Frédéric Paulin livre un récit passionnant pour ce rappel d’une histoire très récente et pour la belle intrigue qu’il intègre, portée par des personnages captivants.
découvrez l’entretien vidéo de Frédéric Paulin à propos de ce roman
serge perraud
Frédéric Paulin, Prémices de la chute, Folio, coll. Policier n° 928, février 2021, 352 p. – 8,60 €.